Si la tendance se poursuit, à la fin du siècle, la moyenne d’âge des scientifiques récompensés par le Prix Nobel dépassera leur espérance de vie. Une situation problématique puisque le prestigieux prix n’est jamais attribué à titre posthume. Le chercheur Santo Fortunato, de l’Université Aalto en Finlande a donc écrit à la revue Nature pour alerter la communauté scientifique sur ce risque d’extinction des grands chercheurs avant d’avoir vu leurs travaux récompensés.
« Avant 1940, les Nobels étaient décernés plus de 20 ans après la découverte dans seulement 11% des cas en physique, 15% en chimie et 24% en médecine. Depuis 1985 cependant, de tels délais ont été observés pour 60% des nobélisés en physique, 52% en chimie et 45% en médecine », écrit le chercheur à Nature, graphique à l’appui. Et à force d’attendre les honneurs indéfiniment, certains finissent par décéder, ce qui, selon Santo Fortunato, aboutit à fragiliser la validité du palmarès du plus prestigieux prix scientifique.
25 ans pour récompenser la découverte du Sida
Dans le domaine de la médecine, les exemples de prix Nobel longuement attendus ne manquent pas. Ainsi les Français Françoise Barré Sinoussi et Luc Montagnier ont été récompensés en 2008 pour avoir découvert le virus du Sida 25 ans plus tôt et le britannique Roberts Edwards a attendu son 85ème anniversaire pour voir enfin distingués ses travaux sur la fécondation in vitro. Entre temps, son premier bébé-éprouvette Louise Brown avait déjà 32 ans. 32 ans, c’est tout juste l’âge du canadien Frederick Banting lorsqu’on lui décerna en 1923 le prix Nobel de médecine pour la découverte de l’insuline, survenu à peine 2 ans plus tôt. Il semblerait que le monde s’accélère, sauf pour l’Académie des Nobels.