La supplémentation en testostérone pourrait mettre le cœur et les vaisseaux de certains hommes en danger. C’est en tout cas le risque potentiel que l’agence européenne du médicament (EMA) tient à tirer au clair. En effet dans différents communiqués publiés vendredi, l’agence a déclaré que son Comité pour l'évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) avait commencé à réévaluer le rapport bénéfices/risques de la testostérone. Bien que moins prescrite qu’aux Etats Unis où environ 3% des hommes absorbe ce produit hormonal, l’Europe veut donc s’assurer que ceux qui en prennent car ils présentent un déficit ou pour augmenter leur masse musculaire, ou encore pour doper leurs capacités sexuelles ou sportives ne prennent pas de risque pour leur santé. Le PRAC a donc été saisi du dossier à la suite de plusieurs publications scientifiques récentes pointant du doigt un éventuel risque cardiovasculaire.
Un risque cardiaque suggéré dans plusieurs études
La dernière étude en date à avoir alerté la communauté scientifique vis à vis de ce risque est une analyse publiée en janvier dernier dans la revue Plos One. Financée par les Instituts américains de la santé (NIH), ce travail avait suivi 56 000 hommes entre 2008 et 2010 divisés en deux groupes. Le premier était composé d'hommes de plus de 65 ans, utilisateurs de testostérone, mais sans antécédent cardiaque. Le deuxième groupe était composé d'hommes plus jeunes avec des antécédents de maladies cardiaques connus. Ces chercheurs, avait donc comparé les taux de crises cardiaques dans ces deux populations. Résultat, les hommes de 65 ans et plus, sous testostérone, avaient eu 2 fois plus de crises cardiaques dans les mois suivant le début du traitement. Un constat similaire chez les hommes de moins de 65 ans avec un diagnostic antérieur de maladie cardiaque. Par ailleurs, une autre étude publiée dans le JAMA en novembre 2013 avait constaté que la substitution par testostérone augmentait de 29 % le risque de décès, d'infarctus du myocarde et d'AVC ischémique dans une population d’hommes âgés de 60 à 64 ans.
Les Etats Unis enquêtent aussi sur ce risque
Cette réévaluation européenne intervient alors que la Food and Drug Administration (FDA) américaine a annoncé il y a deux mois qu'elle enquêtait elle aussi sur l’association entre la prise de complément en testostérone et le risque cardiaque. L’une des questions à laquelle les différentes équipes de recherche tentent de répondre est notamment de savoir si c’est la complémentation en testostérone elle même qui engendre un sur-risque cardiaque ou si c’est le comportement, notamment sexuel ou sportif, des hommes sous traitement. En effet, l’un des effets de cette hormone lorsqu’elle est prescrite est qu’elle stimule la libido chez les hommes âgés. En février dernier, l'agence américaine avaient souligné qu'elle ne lançait pour le moment pas une alerte mais qu'elle allait enquêter sur le sujet. Elle recommandait toutefois aux médecins de bien évaluer le rapport entre les bénéfices et les risques avant de prescrire des médicaments à base de testostérone.