Du sang artificiel produit à grande échelle, c'est pour bientôt. L'information, révélée par le site britannique du Telegraph et reprise en France par Sciences et Avenir, marque une étape dans l'histoire de la médecine. Derrière cette petite révolution, on trouve le Wellcome Trust, la deuxième plus grande fondation caritative en médecine derrière celle de Bill et Melinda Gates, et le Professeur Marc Turner. « Bien que des recherches similaires aient déjà été menées ailleurs, c'est la première fois que quelqu'un parvient à fabriquer du sang d'une qualité et d'une sécurité suffisantes pour être transfusé à un être humain », affirme le Pr Turner. Et les premiers essais de transfusion de ce sang artificiel devraient être menés fin 2016 ou début 2017, sur 3 malades souffrant de thalassémie.
Concrètement, « l'équipe de Marc Turner a mis au point une technique de culture de globules rouges à partir de cellules souches pluripotentes. Première étape, prélever des cellules humaines qui sont ensuite reconfigurées en tant que cellules souches. La seconde, créer des conditions biochimiques semblables à celles du corps humain pour cultiver des cellules du sang de groupe O », explique le journaliste de Sciences et Avenir.
Le grand intérêt de la technique du sang artificiel est triple : pouvoir produire à une échelle industrielle permettrait d'en finir avec les pénuries de don de sang ; éloigner les perspectives de scandale sanitaire dans les pays où la sécurité transfusionnelle n'est pas parfaite, mais aussi mettre un terme aux impasses transfusionnelles dans lesquelles se trouvent certains malades polytransfusés.
Une étape reste malgré tout encore à franchir avant de passer à l'échelle industrielle. La transfusion d'une seule unité de sang artificiel coûte environ 145 euros ! En 2011, c'est une équipe de chercheurs français de l'Inserm, celle du Pr Luc Douay, qui avait démontré expérimentalement qu’il était possible de fabriquer des globules rouges de culture, soit à partir de cellules souches hématopoïétiques issues de sang de cordon ombilical, soit à partir de cellules souches pluripotentes induites (iPS). Le Pr Douay avait alors confié à pourquoidocteur que le passage à la production industrielle de « ces globules rouges de culture était un objectif qui pourrait être atteint d'ici trois ou quatre ans ». Ce serait donc aux alentours de 2016 ?
Permière diffusion : 17 avril 2014