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Publication d'une circulaire au JO

Sages-femmes : "le nouveau statut ne répond à aucune des revendications"

Par Bruno Martrette

Ce jeudi, les sages-femmes ont bloqué à nouveau les routes. Sourd à leurs revendications, le gouvernement a adressé aux ARS et aux directeurs de CHU une circulaire sur leur nouveau statut.

MEUNIER AURELIEN/SIPA

Alors que débute leur septième mois de grève, la mobilisation des sages-femmes du Collectif (1) pour obtenir un vrai statut médical, celui de praticien hospitalier, ne faiblit pas. D'après le dernier point qu'elles ont reçu des Renseignements Généraux (RG), 70% de maternités étaient grévistes le 16 avril. Mais ironie du calendrier pour elles, à cette même date, soit 6 mois jour pour jour après le démarrage de leur grève, est parue au JO la circulaire du 10 avril 2014 relative à la mise en œuvre des mesures prises en faveur de la reconnaissance des sages-femmes hospitalières. Et comme prévu, « le texte du ministère de la Santé ne répond à aucune des revendications ! », indique le dernier communiqué de presse commun des six organisations de sages-femmes qui forment le Collectif.


Comparé au précédent texte vieux de 12 ans rien ne change

Dans cette bataille, les sages-femmes se rappellent du mardi 4 mars, jour où la Ministre de la Santé avait annoncé : « une grande avancée » pour la profession de sage-femme, avec « la création d’un statut médical de sage-femme des hôpitaux », et la promesse de mesures censées « replacer la sage-femme comme praticien de 1er recours, dans le système de santé français. »
De son côté, le Collectif des sages-femmes avait dénoncé « une coquille vide », chacun des points annoncés par la Ministre comme des « avancées sans précédent n’en étant pas ! »
Et, même si elle n'a pas valeur de loi, la circulaire de Marisol Touraine vient démontrer que le Collectif des sages-femmes avait malheureusement raison, déplore ces organisations.
Pour elles, « la proposition n’est en fait qu’un titre et non un nouveau statut. En 2002, la circulaire rédigée par Edouard Couty précisait déjà le caractère médical des sages-femmes à l’hôpital, et demandait aux chefs d’établissement de le respecter. Douze ans plus tard, une autre circulaire redit la même chose ! », précisent-elles.
Pour toutes ces raisons, ces professionnelles de santé toujours considérées comme des "paramédicales" estiment n'avoir aucune garantie que la circulaire 2014 soit plus appliquée que la version 2002...


Aucune autonomie des sages-femmes n'est actée

Par ailleurs, alors qu'en pratique, lors des grossesses sans complications, elles exécutent tous les actes que font les médecins hospitaliers spécialistes, elles notent que la circulaire ministérielle ne garantit aucunement l’autonomie des sages-femmes dans la mise en place des unités physiologiques, et encore moins la possibilité de les gérer.
Conséquence, « elles resteront soumises au bon vouloir des médecins.....comme actuellement », dénoncent-elles.
Enfin, ultime provocation, les négociations qui démarrent dans la fonction publique hospitalière pour les salaires des sages-femmes ne laissent espérer « aucune revalorisation à hauteur des compétences et des responsabilités des sages-femmes, leurs grilles restant indexées sur les autres professions, non médicales. » 
Pourtant, malgré les défaites, les sages-femmes continuent de répéter qu'elles n'abandonneront pas, et qu'elles sont plus déterminées que jamais. « Même si les sages-femmes sont assignées à leur poste, des actions sont menées en France cette semaine et se préparent pour les semaines à venir », concluent-elles.


(1) ONSSF, CNSF, ANSFC, ANESF, CNEMa, CFTC santé sociaux