Plusieurs études ont prouvé par le passé que certains types d’aliments pouvaient augmenter les risques de cancer colorectal. La viande transformée, c’est à dire les viandes traitées, fumées ou salées ou bien dans lesquelles on a ajouté des conservateurs, consomées en trop grande quantité augmentent les risques. Les chercheurs recommandent souvent de consommer des fruits, des légumes et des fibres pour réduire les risques. Pour la première fois, une étude américaine publiée dans la revue PLOS Genetics établit un lien entre le cancer colorectal, le mode d’alimentation et une mutation génétique qui augmentent le risque de cancer.
Une mutation génétique fréquente
Le docteur Jane Figueiredo de l’University of Southern California et ses équipes ont mené la première étude génomique de grande envergure et ont examiné 2 700 000 gènes pour identifier cette mutation. Ils ont analysé 10 études différentes avec 9 287 patients, victimes de cancer colorectal et 9 117 simplement dépistés pour ce cancer. Ils ont séparé les participants en quatre groupes en fonction de leur consommation de viande. Les membres, avec la plus grande consommation de viande (jusqu’à cinq portions de viande par jour) et porteurs d’une variation génétique appelée « rs4143094 », ont 39% de risques en plus d’avoir un cancer colorectal.
La découverte de cette interaction entre la consommation de viande transformée et le « rs4143094 » est extrêmement importante. En effet, cette variante est liée au gène GATA3 que les chercheurs ont associé à plusieurs formes de cancer. Et cette mutation génétique est présente chez environ un tiers des personnes.
Le lien entre alimentation et système immunitaire
Le Docteur Figueiredo se félicite de cette découverte qu’elle considère comme une avancée considérable pour comprendre la corrélation qu’il y a entre les variations génétiques, le régime alimentaire et le cancer colorectal. « Le régime est un facteur de risque pour le cancer colorectal. Notre étude est la première à comprendre en quoi certaines personnes ont un risque plus fort ou plus faible en fonction de leur profil génomique » dit le docteur.
Cette découverte pourrait dans le futur permettre de « dresser le profil génétique des individus pour identifier ceux qui sont à risque ». Mais « il faut d’abord trouver d’autres interactions du même genre, comprendre les mécanismes impliqués » avoue-t-elle. Le Docteur Li Hsu, statisticien de l’étude va plus loin : « La possibilité que les variations génétiques puissent modifier les risques de maladies chez un individu en fonction de son régime alimentaire n’a pas été assez étudiée mais elle représente un nouveau point de vue sur le développement des maladies ».
Le docteur Jade Figuereido avance tout de même une hypothèse : "On sait que l'alimentation a un effet sur la flore intestinale, qui elle même peut influencer le système immunitaire. C'est peut-être un des mécanismes impliqués chez les individus à risque, surtout que le gène que nous avons découvert est impliqué dans le système immunitaire !", a déclaré le Dr Figuereido, interrogée par la webradio MDFM.
L’espoir du Docteur Figueiredo s’est de pouvoir un jour « émettre des recommandations adaptées » au profil génétique des patients. Des traitements ciblés chez les personnes à risques pourraient alors réduire de manière conséquente la menace d’un cancer colorectal.