L’histoire a été mise à jour par Le Parisien, dans son édition de lundi. Selon le quotidien, on compte « plusieurs dizaines de militaires qui souffrent de formes rares de cancer ». Là où le récit fait frémir, c’est qu’ils ont un autre point commun en plus de celui d’avoir servi dans l’Armée : avoir été en poste au plateau d’Albion, près du mont Ventoux dans le Vaucluse entre 1971 et 1996. À cet endroit, pas moins de 18 zones de lancement ultrasecrètes accueillaient alors les missiles nucléaires SSBS (des missiles balistiques, à portée intermédiaire) pointés vers le bloc de l’Est.
D’autres maladies radio-induites dans le Finistère
Un autre dossier fait étrangement écho aux cas des militaires d’Albion. Il s’agit des anciens de l’Île Longue, située dans le Finistère. Ils travaillaient eux aussi aux côtés des têtes nucléaires (destinées aux sous-marins) et se sont constitués en association. Un certains nombre de ces militaires sont morts de maladies radio-induites. Parmi eux, quatre ont vu leur maladie reconnue comme professionnelle.
Actuellement, faire reconnaître la responsabilité de l’Armée est le combat que mènent devant la justice deux des militaires touchés par des formes rares de cancers. Leny Paris, un ex-commando de l’air interviewé par Le Parisien, est l’un d’entre eux. Il se « bat, sans succès, afin de faire reconnaître que la nécrose des os dont il souffre est la conséquence d’une irradiation sur le plateau, où il a passé un an à veiller sur les têtes nucléaires ».
L’Armée dément les risques
Si elle reconnaît avoir reçu « quelques demandes de passés radiologiques » de la part d’anciens d’Albion, l’Armée dément toute « dose significative de radioactivité pouvant avoir un impact sur la santé ». Pour preuve, le ministère cite entre autres « les études menées sur le site, qui ont montré que son fonctionnement n’avait entraîné aucune contamination radioactive, et qu’il n’existait aucun risque d’exposition externe. »
Le quotidien indique cependant que des traces de radioactivité ont pourtant été relevées sur place. Le ministère de la Défense a répliqué que celles-ci « ne mettent en évidence que des radioéléments qui proviennent soit d’origine naturelle, soit des retombées des essais nucléaires de 1950 et de la catastrophe de Tchernobyl. »
Pour le moment, aucune étude ne permet encore de poser un chiffre précis sur le nombre d’anciens d’Albion qui sont touchés par un cancer en rapport avec leur activité passé sur le site.