Pouvoir choisir la qualité du sperme d’un donneur lorsque l’on est engagé dans un processus de procréation médicalement assistée, des milliers de couples en ont sans doute rêvé, une Américaine l’a matérialisé. Anne Morris, raconte le Figaro, a accouché il y a six ans d’un enfant atteint d’une maladie grave et détectable. Elle avait eu recours au don de sperme.
« Les banques sont dans ce pays des sortes de supermarchés à but lucratif où les donneurs sont rémunérés et les échantillons s’achètent comme des paquets de céréales », précise la journaliste, Aude Rambaud. Alors, Anne Morris a eu l’idée de créer une start-up pour sélectionner les donneurs de sperme.
GenePeeks offre la possibilité de combiner l’ADN de la future mère, recueilli sur un simple échantillon de salive, avec celui du donneur. Un algorithme permet alors de « simuler les remaniements génétiques qui surviennent au cours de la reproduction (… ) », explique le quotidien.
Et moyennant 1 500 euros, la femme saura si l’enfant à naître est susceptible de développer l’une des 500 maladies génétiques répertoriées. Aujourd’hui, la mucoviscidose, mais demain, le diabète, la schizophrénie ou encore l’autisme, pourront être identifiés dans l’éprouvette.
Cette recherche de la gamète parfaite fait bondir le Pr Louis Bujan, président de la Fédération des Cecos (1). « Au nom de quoi sélectionnerait-on les gamètes en cas de don de sperme alors que cela ne se fait pas pour une fécondation naturelle ? », s’interroge le spécialiste dans les colonnes du journal.
Moins tranchée, le Dr Joëlle Belaisch-Allart, responsable du centre de procréation médicalement assistée à l’hôpital de Sèvres (92), y voit un aspect bénéfique, « éviter un problème médical grave ». Mais, « d’un autre côté, nuance la médecin, j’ai conscience des risques de dérives possibles ».
En France, le don de sperme est anonyme et gratuit. Mais il n’est pas tout à fait aléatoire. « Les Cecos tiennent compte dans la mesure du possible des critères physiques et du groupe sanguin des volontaires (prévention de l’incompatibilité Rhésus pour l’enfant) afin qu’ils coïncident avec ceux des futurs parents, en accord avec les textes réglementaires », rappelle Aude Rambaud. De même, les centres répertorient dans la famille du donneur les cas de maladies transmissibles ou à dominante génétique. Ainsi, 10 % des volontaires susceptibles de transmettre une des 50 maladies héréditaires sont écartés.
Permière diffusion : 22 avril 2014
(1) Centres d’études et de conservation des œufs et du sperme.