Beaucoup de bruit pour un peu de poudre… d’alcool. Le Bureau américain de taxation et du commerce de l’alcool et du tabac (TTB) a autorisé la mise sur le marché d’alcool en poudre le 8 avril dernier. Une série de malentendus a suivi : un rétropédalage du TTB, suivi d'une confirmation et d'une remise en question des étiquettes… Tout à fait standard, martèle la société Lipsmarck, qui fabrique la poudre. Les premières ventes devraient être lancées à l’automne 2014.
Les mêmes règles que l’alcool
L’aventure de Palcohol (de pal, ami, et alcohol) a commencé comme une plaisanterie : si on pouvait transformer de l’éthanol en poudre ? Impossible a priori et pourtant, le produit prépare son arrivée sur le sol américain. Une autre recette est déjà en circulation au Japon. Le principe est simple : de l’alcool « déshydraté » auquel il faut simplement ajouter de l’eau. Lipsmarck recommande donc d’utiliser ce produit avec toutes les précautions habituelles : l’achat et la consommation sont réservés aux personnes majeures, la vente aura lieu dans toute structure autorisée à commercialiser de l’alcool. L’addictologue Laurent Karila, contacté par pourquoidocteur, souligne aussi l’importance de rappeler les risques.
Dr Laurent Karila, addictologue à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif : « Il faut rester alerte sur les risques d’intoxication aiguë. »
Des risques conséquents
Plusieurs formes seront disponibles : le V (pour la vodka), le R (pour le rhum) ainsi que quatre poudres-cocktails (Cosmopolitan, Mojito, Powderita [Margarita] et Lemon Drop). Chaque volume contiendrait entre 10 et 12% d’alcool. Et comme l’alcool liquide, sa consommation s’accompagne d’effets secondaires. C’est d’ailleurs ce que pointe le Dr Karila, qui ne voit pas ce nouveau produit d’un bon œil. « C’est probablement un beau coup marketing, mais ce n’est pas bon pour nos jeunes », confie-t-il à pourquoidocteur. Car à ses yeux, l’alcool en poudre s’adresse d’abord à « une population jeune et clubbing, avec tous les risques : binge drinking, neknomination, intoxication aiguë… »
Dr Laurent Karila, addictologue : « C’est le pire coup marketing qui puisse arriver à des jeunes. Et il y a un risque de détourner l’usage de la poudre et la sniffer directement. »
Lipsmarck a déjà anticipé de tels fantasmes. « Certains idiots veulent le sniffer. Ne le faites pas ! Ce n’est une manière ni responsable ni maligne de consommer le produit », soulignent les fabricants. Quant à ceux qui envisagent d’ajouter un peu de poudre d’alcool à leurs recettes de cuisine, ils ont été devancés. « Nous avons essayé d’ajouter de la Powderita à un guacamole, du Cosmopolitan à une salade, du V à une sauce à la vodka… Cela donne seulement du piquant aux aliments », détaille Lipsmarck. Le Dr Karila relativise d’ailleurs le succès d’une telle forme : « Je vois mal certaines populations dire : "Ce soir, ce ne sera que de l’alcool en poudre pour nos invités". » Rien ne vaut donc les bonnes vieilles bouteilles… et une bonne dose de modération.