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Amputation, troubles neurologiques…

Méningites : les séquelles coûtent jusqu’à 4 millions d’euros par patient

Par Afsané Sabouhi avec Audrey Vaugrente

A l’occasion de la journée de lutte contre la méningite, une association estime le coût des dégâts de la maladie. Les séquelles physiques et neurologiques représentent 4,6 millions d’euros.

Aaron Rosenblatt/AP/SIPA

La méningite tue peu mais cause de lourds dégâts à ses victimes. Leur coût en termes de santé et d'accompagnement au quotidien est d’autant plus regrettable qu’il pourrait être évité en vaccinant systématiquement. Mais, la couverture vaccinale est loin d'être optimale. A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la méningite, l’association « Méningites France – Association Audrey » livre une estimation du poids financier des séquelles que laisse une infection invasive à méningocoque (IIM).

 

30% de séquelles deux ans après

Une méningite est mortelle dans 5 à 10% des cas. Environ la même proportion quitte l’hôpital, guérie de l’infection mais avec de lourdes séquelles, comme une surdité, une amputation des membres inférieurs ou des troubles neurologiques. Après deux ans, selon cette étude, 30% des enfants touchés par une infection invasive à méningocoque souffrent de séquelles. Dans la plupart des cas, c’est l’inflammation causée par l’infection qui pèse le plus lourd, explique le Dr Catherine Weil-Olivier, professeur de pédiatrie à l’université Paris-Diderot.

 

Dr Catherine Weil-Olivier, professeur de pédiatrie à l’université Paris-Diderot : « La méningite bactérienne est inflammatoire. On n'est pas assez efficace sur cette partie, et ses conséquences sont responsables de séquelles. »

 

Les séquelles les plus graves, comme une amputation, représentent une charge sur le long terme. Selon les estimations livrées par cette étude, le coût pour un enfant atteint de purpura fulminans ayant subi une amputation s’élève à 3,4 millions d’euros au long de sa vie. Les prothèses et autres équipements spécialisés pèsent en grande partie dans ces dépenses (50%). La deuxième estimation envisage le cas d’une fillette dont les séquelles neurologiques nécessiteront une institutionnalisation à l’âge adulte. Les dépenses de santé et d’accompagnement représenteront plus de 4,6 millions d’euros au cours de sa vie.

 

Dr Catherine Weil-Olivier : « Un enfant qui a un purpura fulminans avec une amputation représente un coût. Sur une vie, 100 à 400 000€ de celui-ci resteront à la charge de la famille. »

 

La vaccination : seule arme de prévention

Ces séquelles pourraient être évitées de manière simple : en vaccinant la population cible dès que possible. Plusieurs vaccins existent ; ceux contre les méningocoques de type A, C, Y et W sont recommandés. D’ailleurs, le dernier calendrier vaccinal recommande l’administration d’une dose de vaccin contre les IIM de type C à toute personne entre 1 et 24 ans. Faible réussite puisque 20 à 30% de la population n’est pas vaccinée dans le pays. Les récents cas de méningites foudroyantes le confirment malheureusement : les jeunes ne sont pas protégés contre ces infections. C'est ce que regrette le Dr Muhamed-Kheir Taha, responsable du Centre national de référence des méningocoques à l'Institut Pasteur : trop de jeunes adultes ne sont pas immunisés.

 

Dr Muhamed-Kheir Taha, responsable du Centre national de référence des méningocoques à l’Institut Pasteur : « Chez les 20-24 ans, on est à 4% de couverture. C'est entre 16 et 24 ans que les taux de portage et de circulation sont les plus élevés. Ce sont ces populations qu'il faut cibler. »

 

« Il est important que les pouvoirs publics maintiennent une politique de lutte contre les IIM grâce à des programmes de vaccination, des campagnes d’information et la mise sur le marché de vaccins permettant de lutter efficacement contre les différents sérogroupes de méningocoques et pneumocoques circulant actuellement en France », souligne l’étude en conclusion. La méningite B pose un problème délicat : il s’agit de la forme la plus virulente, elle représente 74% des infections... mais le vaccin de référence, le Bexsero, n’est recommandé que dans les zones hyperendémiques (Normandie, Picardie) ainsi qu’auprès des populations à risque. Le Royaume-Uni l’a recommandé pour tous. L’avenir dira si la décision sera suivie de ce côté de la Manche.