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Étude Américaine

Traumatisme crânien : les études supérieures aident à mieux récupérer

Par Antoine Llorca

En utilisant leur réserve cognitive, les diplômés ont moins de séquelles après un traumatisme crânien que les personnes qui n'ont pas fait d'études supérieures.

SINTESI/SIPA
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Quelques années d'études supérieures offrent 7 fois plus de chances de ne pas avoir de sequelles après un traumatisme crânien qu'une personne ayant arrêter ses études au lycée. Chaque année, 155 000 patients sont pris en charge par les hôpitaux pour un traumatisme crânien. Dans 80 % des cas, le traumatisme est léger mais pour les 20 % restants, la force du trauma laisse souvent des séquelles comportementales et cognitives.
Pour des traumatismes du même type, les patients n’ont pas la même capacité de guérison. Une étude publiée dans la revue Neurology suggère que le niveau de récupération dépend en partie du niveau d’étude. Plus on est éduqué, meilleur sera la récupération.

Une équipe de la John Hopkins School of Medicine (Baltimore), dirigée par le Docteur Eric Schneider, s’est intéressée à cette relation. Les chercheurs ont suivi pendant un an 769 patients de plus de 23 ans ayant subi un traumatisme crânien. Lors de leur suivi, ils les ont séparé en fonction de leur niveau scolaire: 185 n’avaient pas fini le lycée (24 %), 390 avaient fait deux années d’université (51 %) et 194 avaient une licence et plus (25 %).

À la fin de l’expérience, seulement 214 des 769 patients de l’étude n’avaient pas de séquelles après leur traumatisme crânien. Ils ont pu ainsi retourner au travail ou à la fac. Après analyse des chiffres, le Dr Schneider et son équipe ont découvert que sur ces 219 patients ne souffrant pas de séquelles, 196 d’entre eux avaient au moins deux années d’études supérieures à leur actif. À l’inverse, uniquement 18 patients n’ayant pas fini le lycée ont pu reprendre le travail sans séquelle. Le Dr Schneider l’admet, aucun chercheur ne comprend le mécanisme biologique mais les résultats sont là. Quelques années d'études supérieures offrent 7 fois plus de chance de ne pas avoir de séquelles après un traumatisme crânien qu'une personne ayant arrêter ses études au lycée. 


La « réserve cognitive » utile pour les traumatismes

Une précédente étude a montré qu'un haut niveau d’étude chez les patients atteints par la maladie d’Alzheimer avait tendance à ralentir le développement de la maladie. Cet atout pouvait s’expliquer par la capacité du cerveau à être plus actif et à mieux utiliser les « muscles » du cerveau, c’est-à-dire à utiliser sa réserve cognitive.

Dans le cas des traumatismes crâniens, cette réserve cognitive pourrait entrer en compte. « Après ce type de blessure cérébral, certains patients ont des séquelles à vie alors que d’autres avec des blessures très similaires guérissent totalement », admet le Dr Schneider. « Notre étude suggère que la réserve cognitive (…) pourrait être la raison de cette différence. »


Mais ce spécialiste veut aller plus loin. « De nouvelles études sont nécessaires pas uniquement pour comprendre le mécanisme, mais aussi pour trouver des moyens d’aider les patients avec moins de réserve cognitive, » suggère-t-il.  « Ce que nous avons appris pointe du doigt la nécessité de continuer à s’éduquer et à faire des exercices cognitifs intensifs. Comme quand on garde son corps en bonne forme pour mieux guérir de la maladie, il nous faut garder notre cerveau dans la meilleure forme possible ».