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Canonisation de 2 papes

Les guérisons miraculeuses, une affaire de religion et de médecine

Par la rédaction

Les papes Jean XXIII et Jean Paul II seront canonisés dimanche. Des guérisons miraculeuses leur ont été attribuées, après une longue procédure impliquant plusieurs médecins.  

Gregorio Borgia/AP/SIPA
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Près d'un million de fidèles sont attendus place Saint-Pierre à Rome ce dimanche, pour la double canonisation des papes Jean XXIII et Jean Paul II. La canonisation est un rite suivi par les Eglises catholiques romaine et orthodoxe. Elle nécessite notamment que des miracles aient eu lieu, au minimum deux, pour que la personne puisse être considérée comme sainte.

 

Les deux miraculés attribués à Jean Paul II

Le premier miracle attribué à Jean-Paul II est la guérison de la française sœur Marie-Simon-Pierre, qui était atteinte de Parkinson. Il lui a été attribué deux mois après la mort du pape.

Le second est celui de Floribeth Mora Diaz, en 2011. Cette femme, originaire du Costa Rica, était atteinte d'un anévrisme cérébral incurable. Les médecins ne lui avaient donné qu'un mois à vivre, et sur son lit, elle s'était mise à prier et à demander l'intercession de Jean-Paul II. Elle a ensuite raconté que le jour de sa béatification son réveil a été différent : « J'ai entendu une voix dans ma chambre, qui me disait : Lève-toi, n'aies pas peur. Mon regard s'est fixé sur une revue posée sur ma télé, avec Jean-Paul 2 les bras levés et tendus. Et depuis ce moment, je suis debout. »

 

Le processus de reconnaissance d'un miracle

Pour qu'une guérison soit reconnue comme miraculeuse, une procédure très précise doit être respectée. On parle de « procès » car il s'agit de peser et soupeser des arguments contradictoires et au final de savoir si la personne à l'origine des éventuels miracles est digne d'être canonisée. La médecine et la hiérarchie catholique sont donc impliquées dans la reconnaissance de ces miracles.


Première étape : la personne qui s'estime guérie se déclare, si elle le souhaite, au bureau des constatations médicales. Elles doivent savoir qu'elles s'engagent dans une procédure qui pourra durer plusieurs années, avec de multiples contrôles. 

Ensuite, le médecin enregistre la déclaration et tente de comprendre s'il s'agissait d'une maladie ou d'un handicap sérieux et si la guérison est effective, si le fait est exceptionnel et quel est l'état psychologique de la personne. Si le médecin juge qu'il vaut la peine de poursuivre l'enquête, il demande à la personne de réunir le maximum de pièces pour faire un diagnostic, et de revenir un an après, afin d'être sûr de la permanence de la guérison.

Une fois le dossier médical constitué, le médecin peut réunir un « bureau médical ». Tous les médecins présents à Lourdes ce jour-là sont invités à se réunir en présence de la personne concernée. Ils peuvent poser des questions et discuter entre eux de la solidité du diagnostic et des évolutions de la maladie. Visant à « constater » la guérison, cette phase est sous la responsabilité du « bureau des guérisons ». Si le Bureau médical et le médecin de Lourdes estiment que le cas est digne d'intérêt, le dossier est alors transmis au Comité International de Lourdes (CMIL), lors de sa réunion annuelle.

 

Les 7 critères nécessaires

Avant de rendre son jugement, le CMIL tient compte des 7 « critères du cardinal Lambertini », établis au XVIII ème siècle. La maladie doit être grave, elle doit être reconnue, répertoriée par la médecine, elle doit être organique (les maladies psychiques ne sont pas prises en compte), aucun traitement ne doit être responsable de la guérison, la guérison doit être subite, instantanée, il ne doit pas s'agir de simple régression des symptômes, mais bien d'un retour de toutes les fonctions vitales, on ne doit pas parler d'une rémission mais bien d'une vraie guérison.

 

Enfin, le dernier mot revient à l'évêque local du diocèse où vit la personne guérie. Sans avoir à en référer au Vatican, il décide du degré, plus ou moins public de reconnaissance par l'église de cette guérison, sachant que le degré ultime est le miracle.

 

69 miraculés sur 7000 dossiers

Sur 7000 dossiers déposés à Lourdes, 69 cas ont été reconnus miraculeux par l'Eglise (dont 55 français), et plus de 80% des miraculées sont des femmes. 

La dernière personne de l'histoire de Lourdes dont la guérison a été reconnue miraculeuse, a été annoncée le vendredi 19 juillet 2013. Daniela Castelli, de Bereguardo en Italie, souffrait d'hypertension artérielle avec de graves et récurrentes crises. Elle a été guérie à 43 ans, le 4 mai 1989, après un bain dans les piscines du sanctuaire de Lourdes. Elle a depuis repris une vie tout à fait normale.