Il fallait s’y attendre : la présentation par Marisol Touraine des mesures mises en place pour dégager 10 milliards d'euros d'économies pour l'Assurance maladie d'ici à 2017 ont été accueillies très froidement par les professionnels de santé. Ceux-ci ont accusé la ministre de la Santé de faire peser un poids disproportionné sur l’industrie du médicamentsou encore de favoriser l’hôpital par rapport aux cabinets des médecins libéraux.
“Caractère disproportionné de l’effort demandé à l’industrie du médicament”
Le Leem, représentant les entreprises du médicament, dénonce ainsi “un désaveu cinglant de la stratégie industrielle soutenue au plus haut niveau de l’Etat”, arguant que les mesures d’économies présentées par Marisol Touraine “hypothèque[nt] l’investissement et la relance par les industries de santé.” Ce plan confirme, selon le Leem, “le caractère totalement disproportionné de l’effort demandé à l’industrie du médicament, au regard du poids réel de ce poste dans les dépenses de santé. Ces trois dernières années, l’industrie pharmaceutique a supporté l’essentiel des efforts d’économie au travers des lois de financement de la Sécurité sociale, alors que le médicament ne représente que 15 % des dépenses de santé.” Un point de vue soutenu par le Medef, le syndicat des patrons, qui estime que le plan annoncé par la ministre de la Santé "fragilise à nouveau une industrie d'excellence de notre pays, innovante, fortement exportatrice et confrontée à des défis majeurs dans les années qui viennent".
A l’hôpital, inquiétude concernant l’ambulatoire
L'association des accidentés de la vie, la FNATH, émet pour sa part des "inquiétudes pour des personnes dont l'état de santé peut être fragile et qui nécessitent une hospitalisation plus longue". L’association vise le développement de l'ambulatoire, qui permet aux patients d’être soignés dans la journée et dont la ministre souhaite le doublement d’ici 2016, indiquant que cette réforme "ne peut se faire que de manière concertée et réfléchie". Concernant également l’avenir de l’hôpital, la CGT santé estime que "les mesures proposées par la ministre ne vont qu'aggraver la situation des hôpitaux et amener encore plus de mécontentement dans la population".
“Un plan inique et inacceptable” selon les médecins
Le premier syndicat de médecins libéraux, la CSMF, a dénoncé quant à lui un plan "inique et inacceptable" et a demandé "une répartition équitable des efforts entre tous les acteurs du système de santé". Dans la ligne de mire de la CSMF, le fait que le gouvernement exercerait une pression plus forte sur les cabinets de médecins libéraux que sur l'hôpital.
“Une bonne nouvelle” pour les patients
Toutes les réactions n’ont cependant pas été mauvaisses : le CISS, le collectif interassociatifs sur la santé, qui représente les usagers, s’est félicité dans un communiqué du fait que "les choix d'économies opérés ne font pas du patient une variable d'ajustement, à la différence de ce que nous avions connu par le passé avec les franchises, les forfaits et les nombreux déremboursements. C'est une bonne nouvelle." Le collectif prévient néanmoins qu'il restera "vigilant" sur la mise en oeuvre des mesures.