La ministre de la Santé, Marisol Touraine a exprimé, cette semaine, le souhait de plafonner de manière progressive les remboursements des dépenses de santé par les complémentaires, notamment de l'optique.
En effet, la guerre des tarifs entre complémentaires pourrait conduire à une augmentation des tarifs et/ou à une sélection des risques dans la prise en charge. L’objectif avec l’instauration de plafonds est donc de mettre un terme à la spirale inflationniste. Les plafonnements seraient réalisés progressivement sur trois ans, afin d’éviter une baisse brutale. Ils vont concerner différents domaines comme l’optique, les prothèses auditives ou encore les médecins qui pratiquent des dépassements d’honoraires.
Le spectre brandi d’une médecine à deux vitesses
Mais la résolution n’est pas du goût de tout le monde. En effet, dans l’édition de ce jour du Journal du Dimanche, les représentants des industriels de l'optique interpellent dans une publicité Manuel Valls. En résumé, pour eux, la mesure « instituera une médecine à deux vitesses », sans « induire aucune économie pour la collectivité puisqu’elle ne concerne que la sphère privée ». Les industriels de l’optique s’adressent au Premier ministre en tant « qu’entreprises qui font face à la concurrence mondiale qui ne leur fait pas de cadeau, [des] entreprises qui prennent des risques et agissent avec responsabilité pour préserver des emplois industriels en France, [des] entreprises innovantes et exportatrices que [le Premier ministre] veut protéger et encourager ».
Contradiction avec les priorités du gouvernement
Selon eux, la disposition contredirait plusieurs des priorités que le gouvernement s’est fixé. La mesure ferait « du coût de fabrication le seul élément de concurrence » et exclurait leurs « produits du marché au profit de ceux des pays à bas coût », aboutissant « mécaniquement à une ponction d’une centaine d’euros en moyenne pour plus de dix millions de Français sans que les cotisations aux mutuelles ne baissent dans les mêmes proportions », avertissent les opticiens dans leur communiqué.
« La France va casser une filière industrielle de pointe qui emploie 10 500 personnes en France sur 77 sites », a déclaré à la presse Paul du Saillant, directeur général adjoint d'Essilor. En conclusion, les industriels de l’optique enjoignent le Premier ministre à reconsidérer la mesure. Les syndicats représentatifs des opticiens français avaient déjà exprimé leur mécontentement suite à la publication du décret en préparation sur les tarifs régressifs de remboursement des verres sur trois ans.