Alors que l’inquiétude grandit en Arabie Saoudite où le coronavirus MERS a franchi la barre des 100 décès dimanche, les chercheurs progressent dans la compréhension de ce nouveau virus apparu en 2012. Et les nouvelles sont bonnes car selon deux études simultanément publiées dans les revues médicales Science Translational Medicine et PNAS, l’Homme dispose naturellement d’anticorps neutralisants contre ce coronavirus.
Bloquer la porte d’entrée de l’infection
Ces anticorps sont capables d’empêcher le virus de se fixer en prenant sa place dans les récepteurs spécifiques situés à la surface des cellules des voies respiratoires humaines. Ils bloquent ainsi l’entrée du virus dans l’organisme, la maladie débutant le plus souvent par une infection respiratoire, à laquelle vient s’ajouter une défaillance rénale dans les cas les plus graves.
Les données dont disposent actuellement les chercheurs sur le coronavirus MERS laissent penser qu’à la différence de certains autres virus, il ne devrait pas chercher à changer de forme pour échapper à un traitement par anticorps car cette modification de forme affaiblirait sa capacité à se multiplier. Ces anticorps neutralisants offrent donc une piste très prometteuse en prévention et en traitement précoce contre ce coronavirus dont le taux de mortalité est élevé (43% des personnes infectées en sont décédées contre 10% par exemple pour son cousin le SRAS).
Pas de modèle animal identifié
Pour identifier ces anticorps neutralisants, les chercheurs ont passé au crible des « bibliothèques » d’anticorps humains pour tester leur interaction avec le coronavirus MERS. L’équipe chinoise qui publie dans Science Translational Medicine en a identifié deux, baptisés MERS-4 et MERS-27. La 2e équipe américaine, dont les travaux sont en partie financés par le département de la Défense, a repéré 7 anticorps neutralisants dont un particulièrement prometteur : 3B11. Ces chercheurs de Boston l’ont produit en suffisamment grande quantité pour pouvoir le tester chez l’animal. « Mais nous avons pour le moment reporté ces tests car aucun bon modèle animal pour le coronavirus n’a encore été identifié », explique l’un de ces chercheurs spécialistes des maladies infectieuses, le Dr Wayne Marasco.
Les deux équipes se heurtent à cette même difficulté. Les anticorps neutralisants qu’ils ont identifiés sont prometteurs mais doivent d’abord démontrer leur efficacité chez l’animal sans savoir quel animal choisir. La clé de la compréhension du coronavirus MERS repose donc sur l’identification de deux animaux : le responsable du passage du virus chez l’Homme, les chercheurs n’ont pas encore définitivement tranché entre le dromadaire et la chauve-souris et l’animal modèle de l’infection chez l’Homme qui permettra de mettre au point un traitement.