Cloner des cellules souches pour guérir le diabète de type 1, cet objectif ambitieux pourrait un jour devenir une réalité. La Fondation des Cellules souches à New York (NYSCF) et l’université Columbia (New York, Etats-Unis) y travaillent depuis plusieurs années. Ce 28 avril, dans Nature, l’équipe rapporte le succès d’une technique inspirée du clonage.
Reprogrammer des cellules
Les chercheurs de la NYSCF ont testé leur méthode en traitement du diabète de type 1. L’objectif : transformer des cellules de peau d’une malade, en cellules bêta productrices d’insuline. Le diabète de type 1 se caractérise en effet par une déficience de ces cellules. Les chercheurs tentent donc d’apprendre au corps comment en produire lui-même. Pour cela, ils ont utilisé ces cellules de peau et ont transplanté leur noyau dans des ovocytes humains. Cela leur a permis d’obtenir des cellules souches embryonnaires humaines.
L’intérêt de ces cellules est qu’elles sont « pluripotentes », c’est-à-dire qu’elles peuvent se transformer en toute cellule du corps humain. L’équipe est donc parvenue à en faire des cellules bêta productrices d’insuline. « Depuis le début, l’objectif de ces travaux est de créer des cellules souches spécifiques au patient adulte avec un diabète de type 1, qui puissent créer les cellules détruites par la maladie. En reprogrammant les cellules à un état pluripotent, et en créant des cellules bêta, nous avons fait un pas de plus vers le traitement des patients diabétiques grâce à leurs propres cellules productrices d’insuline », se réjouit Dieter Egli, qui a dirigé l’étude.
Des débats éthiques
« Les résultats d’aujourd’hui laissent espérer que nous aurons un jour un traitement pour cette maladie débilitante », commente David McKeon, porte-parole du NYSCF. Et ce n’est pas le seul traitement de la maladie qui suscite l’enthousiasme : c’est aussi le fait que la technique utilise les ressources du corps, et ne pose aucun problème d’ADN. L’approche fait toutefois débat. L’utilisation d’embryons humains pose déjà problème, car elle entraîne souvent leur destruction. L’équipe de la NYSCF a résolu ce problème : ils utilisent une technique utilisée lors du premier clonage animal, en 1986, qui avait donné naissance à la brebis Dolly. Mais le clonage lui-même suscite des réserves sur le plan éthique. « Le clonage répété d’embryons, et la génération de cellules souches à partir de cellules adultes, augmentent le risque de production d’embryons humains pour des traitements destinés à certains individus spécifiques », anticipe Insoo Hyun, spécialiste en bioéthique, dans un commentaire associé à l’étude.
Ces préoccupations n’empêchent pas les chercheurs de se projeter vers l’avenir. Ils envisagent l’extension de cette technique à d’autres thérapies cellulaires, contre des maladies variées dans lesquelles le corps déclenche une réaction immunitaire contre ses propres cellules bêta. Elle pourrait donc être adaptée au traitement de la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaques, mais aussi de la DMLA ou en réparation des os blessés.