Cinq semaines après avoir lancé une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) du baclofène pour les malades alcooliques, l'Agence de sécurité du médicament (ANSM) fait un premier bilan de la mise en oeuvre de son portail électronique de suivi des patients (www.rtubaclofene.org). « C'est plutôt un succès », a confié ce matin lors d'un point presse Dominique Maraninchi, directeur général de l'Agence. Surtout que la courbe des médecins et patients adhérant à la RTU, et inscrits sur le site, est en hausse constante. « Une hausse que nous espérons confirmer et amplifier prochainement au fur et à mesure que les patients déjà traités sous baclofène s'enregistrent sur le portail de la RTU », a indiqué pour sa part le Dr Florent Perin-Dureau, responsable du pôle médicaments du système nerveux central de l'agence contacté par pourquoidocteur.
Ecoutez le Dr Florent Perin-Dureau, directeur de direction à l'ANSM : « L'augmentation des inscriptions sur le portail est continue et régulière. »
1400 patients inscrits en cinq semaines
Pour le moment, 600 médecins prescripteurs de baclofène se sont déjà inscrits sur ce portail Internet. Toutefois, la moitié de ces praticiens n'ont pas encore enregistrés de patients sur le site. Pour l'autre moitié, ces médecins suivent en moyenne 4 patients alcoolo-dépendants.
Côté patients, la base de données de l'ANSM compte aujourd'hui 1400 malades de l'alcool enregistrés. Autre chiffre intéressant, près d'un tiers d'entre eux (30 %) ont été commencé le traitement depuis la délivrance de la RTU. Seuls 5 patients ont arrêté le traitement depuis leur enregristrement. Au final, l'Agence reconnaît qu'elle peine encore à convaincre les professionnels de santé de procéder à cette inscription rapide (2min) sur son site puisque d'après l'assurance maladie, depuis 2008, plus de 50 000 patients ont eu recours au baclofène et 7 000 médecins l'ont prescrit en dehors d’un véritable cadre légal.
Des conditions de délivrance sécurisées au maximum
Par ailleurs, concernant les demandes d'assouplissement des conditions de délivrance du baclofène, notamment celles émanant des psychiatres, l'ANSM a une nouvelle fois répété qu'elle avait tenté de mettre en place un cadre de délivrance "sécurisé" au maximum. Cela dans le but d'éviter le plus possible les effets secondaires indésirables du produit connus (crise d'épilepsie, dépression...)
Pour cela, l’ANSM a en effet prévu une prescription par paliers : à partir de 120 mg/jour, le médecin doit solliciter un confrère plus expérimenté dans la prise en charge de l’alcoolo-dépendance. A partir de 180 mg/jour ou 120 chez les patients de plus de 65 ans, il lui faudra l’avis collégial d’un CSAPA ou d’un service hospitalier d’addictologie. Et quoiqu’il arrive, la RTU ne couvre pas les posologies quotidiennes de plus de 300 mg.
Ecoutez le Dr Florent Perin-Dureau : « Notre but n'est pas de faire plaisir aux prescripteurs, mais d'assurer la sécurité des patients. »
En outre, pour aller encore plus loin dans le suivi des patients, l'ANSM indique qu'elle va, à l'avenir, faire davantage la promotion de ce portail électronique. Enfin, l'Agence espère aussi que l'assurance maladie sera plus sévère envers les patients et les médecins ne respectant pas le cadre légal. Notamment en pénalisant le remboursement des prescriptions hors autorisation de mise sur le marché (AMM).
Ecoutez le Dr Florent Perin-Dureau : « Un certain nombre de prescripteurs ne sont pas encore au courant de l'existence de ce portail. Mais, hors AMM et RTU, le baclofène ne devrait pas être remboursé. »