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Plus de risque d'artères bouchées

Les obèses en bonne santé relèvent du mythe

Par Antoine Llorca

Même chez les obèses métaboliquement sains, les risques de maladies cardiovasculaires sont réels selon une étude. À travers leurs recherches, les auteurs cherchent à mettre fin à ce concept très polémique. 

Mark Lennihan/AP/SIPA

Existe-il vraiment des obèses en bonne santé ? Ce concept de "healthy obesity" est très en vogue aux Etats-Unis. Il désigne des personnes obèses qui ne montrent aucun signe de maladie cardiovasculaire ou de pathologie pouvant causer des problèmes cardiaques. Cette apparente bonne santé est qualifiée d’obésité métaboliquement saine. Mais cette notion a du plomb dans l'aile si l'on en croit les résultats d'une étude publiée dans The Journal of the American College of Cardiology. D’après leurs résultats, ces obèses en bonne santé apparente ont malgré tout davantage de risques que les "non-obèses" d'avoir les artères bouchées.

Des obèses pas en si bonne santé

Le Docteur Yoosoo Chang et son équipe ont étudié 14 828 Coréens entre 30 à 59 ans et en bonne santé. Aucun des participants n’avaient d'antécédent de maladie cardiovasculaire. Après un bilan complet avec examen d'imagerie, il s'est avéré que nombre d'entre eux présentaient un score important de calcification qui témoigne de plaques en formation. Ce score était en fait augmenté de 67% par rapport aux adultes sains non obèse.

Or, tout le monde s'accorde sur ce point : l'athérosclérose non traitée est un facteur de risque de maladie cardiovasculaire. Autrement dit, pour les auteurs de cette étude, un obèse en bonne santé, c'est un mythe. Même si les dérèglements du métabolisme ne sont pas encore perceptibles, il existe bel et bien.


Une étude finlandaise, datant du mois d’octobre 2013, essayait de montrer qu’il existait des obèses sans aucun problème de santé. Pour se faire, les chercheurs ont observé des jumeaux monozygotes, l'un est maigre et l’autre est obèse. Dans 50% des cas, les jumeaux obèses étaient en aussi bonne santé que leur jumeau mince. La graisse du foie, la sensibilité à l’insuline, le taux de lipides, la pression artérielle et les caractéristiques du tissu adipeux sous-cutané correspondent à ceux d’une personne mince.

Un concept qui "sape la mission" des médecins
À l’inverse, cette nouvelle étude montre qu’il n’existe pas d’obésité saine. A l'aide de leurs résultats, les chercheurs mettent en garde contre cette affirmation. Associé à l’étude du Dr. Chang, un de ses confrères, le Docteur Rishi Puri, a publié un éditorial attaquant frontalement cette notion d’obésité métaboliquement saine. Il y met en cause les inventeurs du concept qu’il accuse de « saper la mission à laquelle les docteurs et les organisations de santé font face, qui est de réduire la courbe de l’obésité et d’empêcher les générations futures de devenir obèses. » Continuer à uniquement soigner les patients obèses avec des problèmes cardiovasculaires serait « futile et sans intérêt ». Pour lui, ces résultats « mettent en évidence le fait que l’obésité est une véritable maladie. »

L’auteur de l’étude voit, à travers les résultats de son étude, un moyen de mettre fin à l’impunité dont bénéficient les obèses en bonne santé. « Les obèses, considérés comme en bonne santé parce qu’ils n’ont pas de risques aggravants pour une maladie cardiaque, ne devraient pas être vus comme étant en bonne forme par leurs docteurs, » met en garde Dr. Chang. Selon lui, « il est important que les gens apprennent ça rapidement pour pouvoir efficacement changer leur régime et leurs habitudes pour éviter tout accident vasculaire dans le futur ». Concrètement, cela signifie que la maladie n'évolue pas à la même vitesse chez tout le monde et que les conseils de diététique et d'activité physique doivent être les mêmes pour toutes les personnes en obésité, qu'elle que soit l'impact métabolique.