Dans son rapport du 30 avril 2014, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avait tiré la sonnette d'alarme concernant la résistance aux antibiotiques. Ce n’est plus un mythe, l’antibiorésistance s’est étendu à toutes les régions du monde. Sur les 114 pays analysés, le constat est alarmant. Certains types de bactéries résistent de mieux en mieux face aux antibiotiques censés les détruire.
Le sous-directeur général de l’OMS en charge de la sécurité sanitaire, Dr Keiji Fukuda, affirmait que « cette grave menace n'est plus une prévision, mais bien une réalité dans chaque région du monde. Tout un chacun, quels que soient son âge et son pays, peut être touché ». L’organisation humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) a réagi favorablement à ce rapport et demande que les recherches aillent plus loin.
Une situation dramatique en Afrique
Dans un communiqué, MSF et sa directrice médicale, le Docteur Annette Heinzelmann, se félicitent de ce rapport qui « apporte de nouveaux éléments et permet de lancer un message d’alerte fort ».
Pourtant, selon eux, le rapport de l’OMS ne va pas assez en profondeur et ne donne pas suffisamment de chiffres. « La situation dans de nombreux pays d’Afrique sub-saharienne n’y est pas documentée, faute de données disponibles » regrette le Dr Heinzelmann.
MSF appuie son propos à l’aide de plusieurs exemples montrant que la situation africaine est assez grave. Lors d’une mission en Centrafrique, les médecins de l’association ont eu à faire à cinq blessés avec des plaies infectées. Les bactéries présentes ont résisté aux antibiotiques. Les équipes de MSF ont donc dû faire acheminer de l’impénème, un nouveau type d’antibiotiques, en urgence. Le gros souci, son coût. Ce produit coûte 2000 euros pour un traitement de six semaines.
En Jordanie, MSF mène une campagne de chirurgie reconstructrice à Amman dans l’Ouest du Pays. Par exemple, chez les patients irakiens, 75% des infections sont dues à des bactéries résistantes aux antibiotiques.
Démunis face à des infections de plus en plus résistantes
Comme l’OMS, MSF recommande d’améliorer l’hygiène et l’accès à l’eau potable et aux sanitaires pour prévenir les risques d’infection. Concernant le rôle des patients, les deux organisations se rejoignent : il est nécessaire de respecter les prescriptions. Parce que comme le disait le slogan de l’Assurance maladie, « les antibiotiques, c’est pas automatique ! »
L’OMS exhorte les gouvernements à prendre de l’avance sur la résistance. Pour cela, un travail étroit des gouvernements et des laboratoires est nécessaire. Car sinon comme le constate le Dr Heinzelmann, « sans une action et coordonnée, et en l’absence de nouvelles générations d’antibiotiques dans les années à venir, nous risquons à terme de nous retrouver démunis face à des infections de plus en plus résistantes. » Et« concrètement, pour MSF cela signifierait ne plus pouvoir mettre en oeuvre certaines activités médicales, comme la prise en charge des brûlures ou des infections osseuses ».