La solution à l’infertilité viendrait-elle des cellules de peau ? Cette technique est au coeur de la recherche médicale. Des chercheurs ont déjà démontré qu’il était possible d’en faire des cellules productrices d’insuline. A présent, des scientifiques de l’école de médecine de Stanford (Californie, États-Unis) et de l’université d’Etat du Montana sont parvenus à transformer des cellules de peau en cellules germinales, qui se transforment ensuite en sperme. Les résultats des premières transplantations chez la souris sont parus ce 1er mai dans Cell Reports.
Des cellules qui s’adaptent à leur environnement
L’équipe a utilisé les cellules de peau de 5 hommes. 3 d’entre eux étaient porteurs d’une mutation rare : la perte spontanée du chromosome Y, qui entraîne l’absence de spermatozoïdes dans le sperme. Les autres étaient fertiles. Les chercheurs ont transformé les cellules de peau en cellules souches pluripotentes induites, qui ont la particularité de régénérer n’importe quel tissu en s’y adaptant. Elles ont ensuite été transplantées dans les systèmes reproductifs de souris, où elles se sont transformées en cellules germinales.
Chez la souris, les cellules ont commencé à produire des spermatozoïdes. En moindre quantité lorsqu’elles provenaient d’hommes infertiles, mais cela reste une avancée majeure, selon le Dr Michael Eisenberg, qui a collaboré aux recherches : « Bien que cette étude démontre clairement l’importance de la génétique dans la spermatogénèse, elle suggère aussi que certaines de ces limites peuvent être dépassées. »
De longues années de recherche
Reste cependant plusieurs étapes à franchir. Tout d’abord, la reproduction humaine diffère largement de celles des animaux utilisés en laboratoire. Par exemple, la génération de spermatozoïdes se fait bien avant la reproduction chez l’homme, ce qui n’est pas le cas chez la souris. Pour vérifier si cette approche serait applicable à l’être humain, les chercheurs espèrent pouvoir la tester sur des primates non humains. Ensuite, toutes les infertilités ne sont pas liées à cette mutation du chromosome Y. Il faudra donc déterminer si les autres mutations peuvent être résolues avec la même approche. Une application chez l’homme devra donc attendre plusieurs années.
Par ailleurs, si les hommes infertiles deviennent capables d’être parents biologiques, ils risquent de transmettre leur mutation à leur progéniture. Reijo Pera, co-auteur de l’étude, alerte d’ailleurs sur ce risque.
Reste que l’approche est prometteuse. Elle pourrait notamment être utilisée pour aider des hommes rendus stériles par un traitement anticancéreux : « Pouvoir convertir efficacement des cellules de peau en sperme permettrait à ces hommes de devenir parents biologiques. L’infertilité est l’un des complications les plus communes et dévastatrices des traitements anticancéreux, particulièrement les garçons et les jeunes hommes », précise Michael Eisenberg.