Alors que les traitements thérapeutiques classiques délivrent un principe actif dans tout l'organisme de façon non spécifique, perdant ainsi en efficacité et engendrant une toxicité délétère pour les tissus sains, les nanotechnologies ouvrent la voie à l’envoi ciblé des médicaments, au niveau des lésions ou même de cellules particulières. « Nous parvenons aujourd'hui à fabriquer des nano-objets, que ce soient des capsules ou des sphères, qui ont une taille du même ordre de grandeur que les molécules biologiques comme les protéines ou d'autres entités chimiques. Ils peuvent encapsuler ou enfermer ces molécules, et grâce à leur taille inférieure à celle des cellules, rentrer dans celles-ci et y libérer le principe actif. Il y a là un potentiel énorme », explique Patrick Boisseau, spécialiste de la nanomédecine à Grenoble. Preuve en est les 27 nanomédicaments comme l'Abraxane, l'Oncospar ou le Caelyx, des anticancéreux, d’ores et déjà approuvés par la Food and Drug Administration américaine en tant que vecteurs pour adresser un principe actif. De même que la centaine d'essais cliniques, de stade 1 à 4, en cours dans le monde, qui concerne principalement l'oncologie. Pour l'envoyer sur sa cible, les stratégies sont au nombre de 3 : rendre le nanovecteur vulnérable aux « éboueurs » de l'organisme que sont les macrophages hépatiques, le médicament est alors délivré au niveau du foie (nanovecteurs de première génération) ; faire circuler les nanovecteurs dans le sang jusqu'à ce qu'ils s'engouffrent dans les tissus fragilisés, au niveau d'une inflammation (deuxième génération) ; faire en sorte que les nanovecteurs soient carrément reconnus par les cellules malades (troisième génération). En d’autres termes : la Rolls Royce du médicament !
Alice Bomboy