A l'occasion de la Journée mondiale de la sage-femme qui se déroule ce 5 mai, ces professionnelles françaises se sont mobilisées. Avec pour point de rendez-vous la place Denfert-Rochereau à Paris, elles étaient plus de 500 manifestantes venues défendre l'avenir de leur profession. Au titre de leurs revendications figuraient plusieurs motifs : la demande d'être reconnues en premier recours lors d'un suivi de grossesse normal, un statut médical, ou encore des révalorisations salariales. En tête de la délégation, le mouvement du Collectif (1) en grève depuis sept mois pour un statut de praticien hospitalier (PH). Alors, à l'occasion de cette journée , pourquoidocteur revient sur une profession dont le champ d'activité reste flou.
Un premier recours lors des grossesses normales
Aujourd'hui, en France, plus de 20 000 sages-femmes sont en activité dont plus de la moitié dans le secteur hospitalier. Exerçant une profession "médicale", la sage-femme effectue, en toute autonomie, l'examen prénatal nécessaire à la déclaration de grossesse, assure le suivi médical de la grossesse, le dépistage des facteurs de risque et des pathologies, effectue l'accompagnement psychologique de la future mère et les séances de préparation à l'accouchement.
Par ailleurs, elle prescrit aussi des examens et thérapeutiques (médicaments, vaccinations, dispositifs médicaux) nécessaires au bon déroulement de la grossesse, de l'accouchement et des suites de couches. Elle pratique également les consultations, les échographies obstétricales, y compris dans le cadre du diagnostic anténatal, l'accouchement et ses suites.
En d'autres termes, le médecin gynécologue n'intervient que lors des grossesses pathologiques, c'est-à-dire avec complications.
Malgré ces compétences, elles ont toujours en France un statut de « paramédicale ». Et cette absence de reconnaissance par les autorités françaises se ressent également sur leur rémunération. Malgré un bac+5, elles sont payées comme des bac+2 et demi de la fonction publique hospitalière.
Des revendications similaires en Europe
Et à ce titre, elles ont reçu récemment le soutien de Mervi JOKINEN, la présidente de l’Association des Sages-Femmes Européennes (European Midwives Association) « Je ne peux que vous encourager à poursuivre votre action, vos demandes sont fondées et au bout du compte , elles ne bénéficieront pas qu’aux sages-femmes mais aux femmes et aux familles dont vous prenez soin », confiait-elle.
Dans toute Europe, les sages-femmes se mobilisent pour faire entendre leur colère. En Allemagne, le malaise est essentiellement financier. Le 24 février, elles ont manifesté outre-Rhin pour protester contre la hausse spectaculaire des assurances obligatoires qu’elles doivent contracter afin de travailler en tant qu’indépendantes et pour être couvertes en cas de problème à la naissance d’un enfant. Depuis 2010, le montant de ces assurances est en effet passé de 450 € par an à 4 480 €. Et devrait même atteindre 5 000 € prochainement.
Résultat, bon nombre des sages-femmes d'Europe regardent du côté de la Suède, un pays où elles sont les premières interlocutrices vers qui se tournent les femmes aussi bien pour une grossesse que pour une contraception ou toutes autres questions sur la sexualité ou la reproduction. La loi suédoise les rend en plus autonomes et responsables des soins apportés lors d'une grossesse normale. En pratique, une femme suédoise dont la grossesse promet d'être sans complication sera suivie exclusivement par une sage-femme, sans rencontrer de médecin. Et ce système fait ses preuves, comme le rappelait récemment le site myeurop.info. En effet, selon l'ONG Save The Children, la Suède est deuxième au classement mondial où il est le plus aisé de devenir mère, juste derrière la Finlande.
(1) ONSSF, CNSF, ANSFC, ANESF, CNEMa, CFTC santé sociaux