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Forme atypique de la maladie

Alzheimer : un malade sur 10 n'a pas de perte de mémoire

Par Audrey Vaugrente

Des chercheurs ont mis en évidence une forme atypique de la maladie d’Alzheimer, qui épargne la mémoire. Elle touche un patient sur 10, mais la moitié des cas sont ignorés.

Cette forme atypique touche des hommes plus jeunes (PETILLOT/SIPA)

Troubles du comportement, sensation d’un membre étranger, mais pas de perte de mémoire. Il s’agit bien de la maladie d’Alzheimer, mais d’une forme atypique, souvent mal identifiée. Pourtant, elle touche un patient sur 10, selon une étude de la Mayo Clinic présentée ce 30 avril au Congrès de l’Académie Américaine de Neurologie à Philadelphie (Pennsylvanie, Etats-Unis) et révélée par Le Figaro.

 

Des symptômes qui diffèrent

L’équipe de la Mayo Clinic a étudié les cerveaux de 1 820 malades d’Alzheimer. Contrairement à ce qu’on pensait, la forme atypique qui épargne l’hippocampe (le siège de la mémoire) est bien plus courante. « Quand on parle de maladie d'Alzheimer, on pense à la perte de mémoire et dans ce cas la principale zone qui est affectée est l'hippocampe », explique le Pr Melissa Murray, auteur principal de l’étude, « mais ce que l'on constate à l'autopsie de patients qui ont la maladie c'est qu'il n'y a pas toujours une atteinte de l'hippocampe. »

 

La moitié des patients reçoivent un mauvais diagnostic, alors que plus d’un demi million d’Américains seraient atteints d’une forme atypique d’Alzheimer, selon les chercheurs. Une erreur qui s’explique par l’écart entre les symptômes « traditionnels » d’Alzheimer et ceux de cette forme atypique. Les patients dont l’hippocampe n’est pas attaqué par la maladie d’Alzheimer ne présentent presque pas de troubles de la mémoire. En revanche, leurs symptômes s’approchent d’autres formes de démence : crises de colère, modification du comportement social, sensation qu’un membre est contrôlé par une force extérieure…

 

Les mêmes marqueurs à l’œuvre

Les protéines utilisées comme marqueurs, en revanche, sont strictement les mêmes entre la forme la plus commune de la maladie d’Alzheimer et la forme atypique analysée. Ce qui change, c’est leur localisation. Il s’agit de la bêta-amyloïde, que l’on retrouve au même endroit, mais la protéine tau, qui crée des enchevêtrements, attaque plutôt les régions du cortex et non l’hippocampe. D’où des symptômes différents. Le profil du patient change aussi : ce sont plutôt des hommes qui sont atteints, les symptômes se développent bien plus tôt et la maladie progresse beaucoup plus rapidement - en un ou deux ans environ.

 

Les médecins devraient, au moment du diagnostic, être attentifs à différents signes. Par exemple, un patient déclarant des troubles visuels sans avoir de pathologie oculaire. Cela permettrait de mieux repérer les malades atteints de cette forme atypique. Car des traitements sont disponibles. « Ce qui est tragique, c’est que ces patients sont souvent mal diagnostiqués, et de nouvelles preuves suggèrent que les médicaments disponibles traitant la maladie d’Alzheimer peuvent fonctionner chez la plupart d’entre eux – peut-être même mieux qu’en traitement de la forme commune de la maladie », estime le Pr Murray.