Se retrouver nu en public, chuter sans fin, des cauchemars courants qu’on ne peut contrôler. Des chercheurs allemands ont mis au point une technique de stimulation électrique transcrânienne qui permettrait aux dormeurs de contrôler leur rêve. Les résultats sont parus ce 11 avril dans la revue Nature Neuroscience.
De courtes périodes de rêve lucide
Une équipe de l’université Goethe à Francfort (Allemagne) a étudié l’évolution des ondes gamma pendant le sommeil. Ces ondes cérébrales sont très présentes lors des fonctions exécutives supérieures, comme la conscience ou la réflexion. Mais lors du sommeil, elles sont quasi absentes. Pourtant, les chercheurs ont observé des ondes gamma chez les « rêveurs lucides », des personnes qui savent qu’elles rêvent et peuvent contrôler le scénario de ce rêve.
Peut-on induire un état de rêve lucide ? C’est ce qu’a tenté l’équipe d’Ursula Voss auprès de 27 volontaires. Tous ont été équipés d’électrodes avant de s’endormir. Deux minutes après le début du sommeil paradoxal – pendant lequel on rêve – les participants ont reçu un courant électrique pendant 30 secondes. La fréquence utilisée, entre 25 et 40 hertz, correspond à celle des ondes gamma produites par le cerveau. L’expérience a été répétée pendant 4 nuits. Immédiatement après la fin de la stimulation, les rêveurs ont été réveillés.
Traiter le stress post-traumatique
L’ensemble des volontaires a déclaré avoir connu le rêve lucide. Pendant de courts moments, ils ont été conscients qu’ils rêvaient, et ont pu contrôler le déroulement du rêve. Par exemple, ils ont enfilé des vêtements avant de sortir. Ils ont aussi eu le sentiment que leur « moi » rêvé était un tiers, qu’ils se contentaient d’observer. Les électroencéphalogrammes reflètent aussi cet état de rêve lucide : des ondes gamma se sont bien manifestées pendant ces courtes périodes.
Pas question pour autant de faire de la stimulation transcrânienne un outil commercial. En revanche, les chercheurs l’imaginent bien en traitement des traumatismes et des stress post-traumatiques, voire dans certaines formes de schizophrénie. Tous ces troubles mentaux se caractérisent par un même symptôme : des cauchemars récurrents que le rêveur ne peut pas contrôler.