Toutes les dix secondes, une personne meurt à cause de l’alcool dans le monde. Dans son dernier rapport, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’inquiète de la consommation nocive d’alcool et de ses effets sur la santé. Rien qu’en 2012, elle a tué plus de 3 millions d’individus.
16% de beuveries express
Moins de 40 % de la population mondiale consomment de l’alcool. Mais chaque buveur ingère chaque année l’équivalent de 17 litres d’alcool pur. Une dose élevée aux conséquences lourdes : 7 % des hommes et 4 % des femmes décèdent d’une cause liée à l’alcool. Ce qui inquiète l’OMS, ce n’est pas tant la simple absorption de vins, bières et autres spiritueux, mais plutôt le profil de la consommation. Et la pratique du binge drinking, dont les conséquences sur la santé sont dévastatrices, est en plein boom. « Nous avons constaté que, dans le monde, 16 % environ des buveurs consomment occasionnellement de fortes quantités d’alcool, alors que ces ‘beuveries express’ sont la forme de consommation la plus dangereuse pour la santé », souligne le Dr Shekhar Saxena, Directeur du Département de l’OMS Santé mentale et abus de substances psychoactives.
Un manque de politiques nationales
Dépendance, cirrhoses du foie, maladies infectieuses, violence… Les risques d’une consommation nocive d’alcool sont légion. Selon l’OMS, elle expose au risque de développer plus de 200 maladies non infectieuses. Mais les Etats n’agissent pas assez, aux yeux de l’agence. « Il faut faire plus pour protéger les populations contre les conséquences sanitaires négatives de la consommation d’alcool », affirme le Dr Oleg Chestnov, sous directeur général de l’OMS en charge du Groupe Maladies non transmissibles et santé mentale.
Certains efforts sont salués par l’OMS : hausse des taxes sur les boissons alcoolisées, réglementation de leur mise en vente, ou encore âge limite à la consommation et l’achat d’alcool. Ce rapport souligne toutefois le manque flagrant de politiques nationales de lutte contre la consommation nocive d’alcool, que seuls 66 Etats membres sur 1964 ont mises en place. L’agence sanitaire de l’ONU appelle aussi à renforcer les politiques de sensibilisation à échelle nationale, ainsi que les services de prévention et de traitement. Elle insiste particulièrement sur la nécessité d’inclure les communautés dans ces démarches.