108 jours, c’est le délai moyen d’attente pour obtenir un rendez-vous chez l’ophtalmologiste, selon une étude présentée au congrès de la Société Française d’Ophtalmologie (SFO). Alors que plusieurs spécialités médicales sont par ailleurs concernées par ce problème, ces professionnels de la santé visuelle viennent justement de proposer leurs solutions pour réduire ces délais d’attente.
Selon le Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF), la solution miracle ne serait pas d’aumgenter le nombre de médecins formés. En revanche, ces spécialistes veulent encourager la délégation de tâche vers d’autres professionnels de santé. Infirmières, secrétaires hyper-performantes, mais surtout les orthoptistes semblent être la clef de voûte d’une ophtalmologie en pleine évolution.
Des délais trés courts pour les urgences
Dans une enquête révélée ce lundi, le SNOF revient sur les délais d’attente. Ainsi lorsqu’on introduit la notion de délai médian, il ressort au final que la moitié des patients obtiennent une consultation avant 74 jours. Enfin, ce sondage réalisé par téléphone en décembre 2013 montre également que ces délais varient sensiblement en fonction du type de rendez-vous. Les pathologies à risque elles, restent, par exemple, prises en charge dans des délais jugés plus acceptables.
Ecoutez Dr Jean Bernard Rottier, président du SNOF : « Face à une urgence, un problème de rétine par exemple comme une DMLA, si les gens expriment bien les signes auprès des secrétaires le délai peut être très court, en moyenne 2,5 jours. »
Les résultats du sondage montrent également que face à un appel d’un patient diabétique de 55 ans demandant une consultation pour un fond d’oeil, le délai médian de RDV est de 52 jours. Un délai certes moins long que pour un simple contrôle de la vision, mais il semble qu’il est encore possible de faire mieux pour satisfaire les patients. Un questionnaire de population, initié par le SNOF, avait justement mis en évidence que 30 jours était le délai maximum acceptable pour les malades.
Par ailleurs, même s’il semble que ces délais d’attente parfois interminables n’aient pas de conséquence médicale, notamment en ophtalmologie, ils auraient tout de même un autre impact. Six Français sur dix auraient déjà renoncé à des soins, à cause de leur difficulté à décrocher un rendez-vous selon sondage IFOP publié en 2012.
Miser sur les orthoptistes pour réduire les délais d’attente
Pour espérer de raccourcir ces délais, les ophtalmologistes proposent donc une réorganisation complète de leur système de soins. Selon eux, le modèle du médecin seul dans son cabinet est obsolète. D’après le SNOF, les cabinets du futur regrouperont tout d’abord des ophtalmologistes et des orthoptistes -une profession paramédicale qui prend en charge, par exemple de la rééducation de certains troubles de la vision - mais peut-être aussi des infirmières et des opticiens.Le médecin Ce gain de temps peremettrait au médecin de se consacrer aux cas les plus compliqués. Mais d’ici une dizaine d’années, on pourrait même envisager d’aller plus loin grâce à la télémédecine.
Ecoutez Dr Jean Bernard Rottier : « Pour couvrir les zones où les ophtalmos sont partis en retraite sans remplaçant, on pourrait mettre des orthoptistes formés sous responsabilités d’un centre ophtalmo, qui soumettraient des cas en téléconférence. »
D'autres spécialités réfléchissent à la délégation de tâches, notamment le gynécologues avec les sages-femmes. Mais si un tel transfert devait s'opérer dans toutes les spécialités concernées par ces délais d'attente trops longs, reste à résoudde le coût d'une telle opération. Le ministère de la Santé plancherait déjà sur un scénario de financement, selon Jean Bernard Rottier. Le budget consacré aux remboursements des consultations des ophtalmologistes partant à la retraite chaque année, pourrait basculer vers les ophtalmologistes de secteur 1 en exercice. Cette enveloppe leur permettrait de recruter des orthoptistes, des infirmières… et donc de mettre en musique la délégation de tâches.