L’origine de ce que les anglo-saxons appellent le french paradox pourrait être remise en question par des chercheurs américains. Ils ont démontré que le resvératrol, un antioxydant contenu dans le vin rouge, n’aurait pas les vertus qu’on lui attribuait jusque là. Rappelons que ce « paradoxe français » désigne la contradiction médicale selon laquelle, alors que les Français, notamment dans le sud de la France, ont une alimentation riche en matières grasses, ils auraient cependant moins de problèmes cardiovasculaires et même de cancers que les autres.
Depuis de nombreuses années, des experts émettent l’hypothèse que cette protection pourrait leur être conférée notamment par leur consommation régulière et modérée d’antioxydants par le biais du vin rouge. L'équipe américaine, qui vient de publier ces travaux dans la revue Jama Internal, Medecine, si certains antioxydants jouent peut-être réellement ce rôle, en tout cas, le resvératrol lui, n’aurait rien de miraculeux.
Les habitants de 2 villages en Toscane passés à la loupe
« L'histoire du resvératrol s'avère être un nouveau cas d'une substance ayant fait l'objet d'un énorme battage médiatique quant à ses bienfaits pour la santé qui ne se confirment pas, souligne le Dr Richard Semba, professeur d'ophtalmologie à la faculté de médecine Johns Hopkins à Baltimore. L'idée était que certains aliments ou boissons étaient bons pour vous parce qu'ils contenaient du resvératrol et nous n'avons pas du tout constaté cela », ajoute-t-il.
Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont analysé entre 1998 et 2009, les données médicales de 783 Italiens vivant dans deux villages en Toscane, région productrice du Chianti, le célèbre vin rouge. Plus précisément, ces scientifiques ont mesuré les niveaux de resvératrol des échantillons d’urine des participants qui ne suivaient par ailleurs aucun régime alimentaire particulier. Résultat, après la prise en compte des facteurs tels que l'âge et le sexe, les volontaires qui avaient la plus forte concentration de de resvératrol n’avaient pas une espérance de vie plus importante que les autres. De plus, la concentration importante en resvératrol n'était pas non plus associée à une incidence plus faible de maladies cardiaques ou de cancers.
Le « french paradox existe », mais reste à élucider
Malgré ces résultats négatifs concernant les vertus du resvératrol, les auteurs de cette étude ne remettent pour autant pas en question l’existence du mystérieux « paradoxe français ». D’ailleurs alors que certains l’attribueraient davantage au régime méditerranéen et à une forte consommation d’huile d’olive, eux ne nient pas pour autant que le vin rouge ou le chocolat noir pourraient en être à l’origine. « Ces effets bénéfiques, s’ils existent, doivent provenir d'autres polyphénols ou substances contenues dans ces aliments, explique le Dr Semba. Cependant il s’agit d'aliments complexes et tout ce que nous pouvons dire à ce jour, c'est que ces bienfaits ne proviennent probablement pas du resvératrol ».