La mesure a fait beaucoup parler d'elle il y a deux mois, mais a-t-elle été efficace ? Airparif, l'agence de surveillance de l'air en Ile-de-France, vient de faire le bilan de la circulation alternée instaurée le 17 mars dernier. Ce rapport, épluché par le Parisien et le monde.fr, montre qu'il y a eu « une réelle diminution de l'exposition aux particules et une diminution encore plus forte de l'exposition au dioxyde d'azote ». L'impact de la circulation alternée est donc jugée « quantifiable et visible », avec une baisse globale entre 5h30 et minuit de 6 % des particules PM10, « ces matières microscopiques en suspension déclarées cancérigènes par l'Organisation mondiale de la santé », rappelle lemonde.fr. Côté dioxyde d'azote, un gaz irritant pour les bronches, la baisse enregistrée par Airparif atteint les 10 %.
Cependant, le bilan est en demi-teinte. Et ce, pour plusieurs raisons. D'une part, il aurait fallu mettre en place la circulation alternée le vendredi 14 mars, jour du pic de pollution, plutôt que le lundi 17, et d'autre part, la stratégie consistant à sélectionner les plaques paires et impaires n'est pas forcément la meilleure. Cela « ne permet pas de cibler de façon sélective les véhicules les plus polluants », indique Airparif.
La méthode n'est donc miracle, notamment parce que la circulation automobile est loin d'être la seule responsable de la pollution atmosphérique, et que la pollution quotidienne – entre 2 pics de pollution – est aussi délétère pour nos poumons. Pour que la menace de santé publique que représente la pollution pèse moins sur les Franciliens, d'autres mesures seront donc nécessaires, et la circulation alternée pourrait tout de même refaire surface à Paris, mais aussi dans d'autres grandes villes françaises. En effet, le dernier rapport de l'OMS sur la qualité de l'air, publiée le 8 mai dernier, révèle que neuf citadins sur dix dans le monde vivent dans un environnement pollué. Et la France n'échappe pas aux particules fines. Si elle ne figure pas parmi les nations les plus polluées, plusieurs villes de l'Hexagone sont tout de même bien au-dessus des niveaux de pollution de l'air établis par l'OMS.