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Bêta-amyloïde

Alzheimer : un antidépresseur freine la production d'une protéine impliquée

Par Audrey Vaugrente

L’antidépresseur citalopram présente des effets intéressants contre les plaques cérébrales, et une protéine, la bêta-amyloïde, impliquée dans la maladie d’Alzheimer.

E. M. Welch/REX/REX/SIPA

Un antidépresseur pourrait agir contre la maladie d’Alzheimer. Selon une étude parue ce 14 mai dans Science Translational Medicine, le citalopram agit contre la bêta-amyloïde (A-beta), responsable de la formation de plaque. Il est efficace chez la souris comme chez l’homme.

 

Solliciter des médicaments déjà disponibles

L’antidépresseur citalopram (Seroplex, Seropram) est un inhibiteur sélectif du recaptage de la sérotonine, dont on sait qu’elle réduit la production d’A-beta. Chez les patients atteints d’Alzheimer, cette protéine est produite en excès et forme des plaques. Celles-ci sont responsables des troubles de la mémoire et du déclin cognitif. Utiliser des médicaments existants est une solution particulièrement attractive, aux yeux du Pr Philippe Amouyel, spécialiste de la génétique de la maladie d’Alzheimer, notamment parce que les délais sont raccourcis.

 

Pr Philippe Amouyel, directeur du laboratoire d’excellence DISTALZ sur la maladie d’Alzheimer : « Trouver un nouveau médicament est relativement long, donc se tourner vers des médicaments qui existent déjà est très intéressant. »

 

Un bénéfice en prévention

En administrant du citalopram à des souris modifiées pour sur-produire de la bêta-amyloïde, les chercheurs ont observé des résultats encourageants. Le liquide cérébral interstitiel des rongeurs avait de moindres niveaux de la protéine grâce au traitement. La progression des plaques existantes est stoppée chez l’animal, et la formation de nouvelle plaque ralentie de 78 %.
En revanche, l’antidépresseur n’a présenté aucun effet sur la régression de plaques cérébrales. Chez des adultes sains, l’effet est moins frappant, mais reste positif : une dose équivalente du médicament ralentit de 37 % la production de bêta-amyloïde. « Cela signifie que le citalopram a une réelle interaction avec le métabolisme du peptide amyloïde », analyse le Pr Amouyel. Le spécialiste reste toutefois prudent : des études supplémentaires seront nécessaires pour conclure à un réel bénéfice de la molécule en prévention de la malaide d’Alzheimer.

 

Pr Philippe Amouyel : « Il serait intéressant de mettre en œuvre un essai clinique pour savoir quel impact le citalopram a sur la maladie d’Alzheimer. Il faudra qu’il puisse montrer un effet d’arrêt de la production de plaque. »

 

Les chercheurs font aussi preuve de mesure et ne recommandent pas l’usage d’antidépresseur en l’absence d’études supplémentaires. « Si les antidépresseurs sont généralement bien tolérés, ils comportent des risques et des effets indésirables », insiste le Pr John Cirrito, principal auteur de l’étude. « Tant qu’on ne peut pas prouver que ces médicaments aident à réduire ou stopper Alzheimer chez l’homme, les risques ne valent pas le coup. » Il signale aussi que la molécule serait utile en prévention de la maladie, et non en traitement curatif.
Des études auprès de patients plus âgés sont déjà prévues pour évaluer les effets du citalopram. Si les niveaux de bêta-amyloïde observés dans le liquide céphalo-rachidien sont en chute, alors il sera possible de conclure à un réel bénéfice du médicament.