Les antibiotiques, déconseillés avant un an. Une étude, parue dans l’édition de mai de la revue Annals of Allergy, Asthma, and Immunology, associe la prise d’antibiotiques chez les petits enfants et le risque d’asthme. Plus la dose de médicaments s’élève, plus le risque grimpe, notent les chercheurs.
Difficultés respiratoires et asthme persistant
Plus de 62 000 patients ont été suivis par une équipe de l’Ecole de médecine d’Harvard (Boston, Massachussetts, Etats-Unis). L’incidence de l’asthme ainsi que le recours aux antibiotiques ont été étudiés et comparés. Trois formes d’asthme ont émergé : des difficultés respiratoires transitoires – qui apparaissent et s’estompent avant 3 ans, un asthme tardif – qui se déclenche après 3 ans, et un asthme persistant. Un enfant sur cinq a développé l’une des ces formes avant l’âge de 7 ans, de manière également répartie entre les trois.
Près de la moitié des enfants suivis (43%) ont reçu au moins une fois un traitement d’antibiotiques au cours de leur première année. La majorité était atteinte d’infection des voies respiratoires supérieures ou inférieures. Ce traitement n’influençait pas le déclenchement d’un asthme tardif. En revanche, il double le risque de difficultés respiratoires transitoires et hausse de 60% le risque d’asthme persistant. Ces données persistent lorsque les enfants souffrant d’asthme, d’infection des voies respiratoires ou de fibrose cystique pendant leur première année et les prématurés sont exclus de l’analyse. Sans surprise, les enfants qui contractent une infection respiratoire sont plus à risque de développer un asthme.
5 antibiotiques = 5 fois plus de risque d’asthme
Si cette association ne prouve pas que les antibiotiques sont à la source du problème, elle se maintient lorsque les doses de médicament augmentent. Les enfants qui reçoivent au moins 5 antibiotiques différents sont exposés à un risque six fois plus élevé de difficultés respiratoires transitoires, cinq fois plus élevé d’asthme persistant, et 40% plus élevé d’asthme tardif. Ces résultats devraient inciter les pédiatres à prescrire aussi peu que possible des antibiotiques aux enfants de moins de un an.
Toutefois, ces médicaments ne sont pas nécessairement coupables, selon une étude parue ce 15 mai dans The Lancet Respiratory Medicine. Des chercheurs de l’université de Manchester (Royaume-Uni) y mettent en évidence la présence de variations chez de nombreux enfants placés sous antibiotiques avant un an et asthmatiques avant 7 ans. Ils signalent l’importance des mutations sur deux gènes dans la région du chromosome 17 : les enfants atteints sont plus à risque de recevoir des antibiotiques en prescription. Selon l’étude, ces patients sont plus sensibles aux infections virales car leur immunité antivirale est défaillante. Ce serait ce « facteur caché » qui expliquerait l’association entre antibiotiques avant un an et le développement d’un asthme.