Les nanomatériaux sont porteurs d'espoir mais aussi d'inquiétude. Dans un rapport, l’Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l'environnement et du travail demande que le contrôle des nanomatériaux soit plus strict. Concrètement, l’Anses recommande que les nanomatériaux soient inscrits dans le cadre européen CLP (classification, étiquetage et emballage) pour les substances chimiques. En 2010, l’agence avait simplement mis en avant le principe de précaution. Une telle réglementation permet de « renforcer la traçabilité des nanomatériaux » et le cas échéant d’autoriser « des mesures de restriction d’usage, voire d’interdiction ».
Les nanomatériaux sont des particules dont la taille se mesure en nanomètre soit en milliardième de mètre. Ils sont présents dans plus de 1628 produits de consommation courante à travers le monde selon le Wilson Center. La crème solaire, le dentifrice, le textile, les pneus de voiture, les batteries… ils tous composés de nanomatériaux. Malgré leur grande utilité, ils pourraient aussi être nuisibles pour la santé.
Retards de croissance, malformations...
L’Anses s’est intéressé aux travaux d’un comité d’experts permanent ayant étudié toutes les publications scientifiques portant sur la question de la toxicité des nanomatériaux. Pour ce faire, le groupe d’experts a analysé les résultats de tests menés in vitro et in vivo sur des rats et des souris. Même si ces tests ne sont pas possibles sur des humains, les résultats doivent être pris très au sérieux.
Dans ces études, les cobayes, ayant été exposés à des nanomatériaux, ont connu de graves problèmes de santé. Selon l’Anses, « des retards de croissance, des malformations ou anomalies dans le développement ou la reproduction chez des espèces modèles » ont pu être constatés. Mais ce n’est pas tout selon l’Anses « des effets sur le système nerveux central, des phénomènes d’immunosupression, des réactions d’hypersensibilité et d’allergie » ainsi que « des effets génotoxiques et de cancérogénèse » font aussi partie des effets liés aux nanomatériaux.
Le rapport accuse particulièrement un type de nanomatériaux, les nanotubes de carbone que l’on trouve souvent dans les raquettes de tennis et certains équipements automobiles.
Des nanomatériaux qui pénètrent dans tout l'organisme
Comme le rappelle le rapport, la taille de ces nanomatériaux rend leur absorption quasiment inévitable. « Les voies d’exposition aux nanomatériaux envisagées chez l’homme sont l’inhalation (voie principale pour le travailleur), l’ingestion (voie prédominante pour la population générale) et le contact cutané, » rapportent les experts. Ce qui les rend encore plus inquiétant, c’est que ces matériaux arrivent à s’affranchir des barrières physiologiques alvéolo-capillaire (permettant d’isoler les alvéoles des poumons), placentaire (qui sépare la circulation sanguine du fœtus et de la mère dans le placenta)…
La taille leur offre une très grande mobilité qui augmente encore plus leur dangerosité. Pour les ouvriers qui produisent ces nanomatériaux, le risque de les ingérer est très grand. Mais pour tout citoyen, le risque est aussi important. À cause de l’usure ou de la destruction de produits contenants ces particules, elles se répandent en masse et peuvent être facilment absorbées.
Besoin urgent d'études sur l'homme
Mais, les études portant sur l’impact des nanomatériaux sur la santé des hommes manquent. Le seul projet ayant était lancé est un projet de surveillance des professionnels en contact avec des nanomatériaux. Comme le dit le groupe d’experts, il est nécessaire de lancer des études multiples portant uniquement sur les effets des nanomatériaux sur l’homme.
L’Anses recommande aussi que l’on s’intéresse au produit lui-même. Le groupe d’experts propose « la mise en œuvre de projets pluridisciplinaires permettant de développer les connaissances sur les caractéristiques des nanomatériaux et de leurs dangers, tout au long du cycle de vie des produits ».