Les hommes qui sont infertiles en raison de la qualité de leur sperme semblent avoir un risque accru de mourir prématurement comparé aux autres ! C'est la conclusion étonnante d'une étude américaine menée par des chercheurs de l'École de médecine de l'Université Stanford. Des résultats inédits publiés ce vendredi dans la revue scientifique Human Reproduction.
Un risque de mortalité prématurée doublé
Pour parvenir à cette conclusion, le Pr Michael Eisenberg et ses collègues de l'unité "Reproduction masculine" de Stanford ont examiné les dossiers médicaux de 12 000 hommes âgés de 20 à 50 ans ayant visité un centre d'infertilité. Cela sur deux périodes successives de huit ans à chaque fois. 1994-2011 pour ceux ayant visité le Stanford Hospital & Clinics, et 1989-2009 pour ceux pris en charge par le Baylor College of Medicine (Houston). Plusieurs anomalies sur la qualité du sperme des patients ont été recensés. Parmi elles, des défauts sur le volume de sperme totale, le nombre de spermatozoïdes, ou encore la motilité et la forme de ces cellules reproductrices (gamètes).
Ensuite, en observant les données de la National Death Index et l'indice des décès de la Sécurité sociale américaine, les scientifiques estiment être en mesure de prétendre que les hommes avec deux ou plusieurs anomalies dans leur sperme étaient plus de deux fois plus susceptibles de mourir prématurement que les autres hommes. « Nous avons été en mesure de déterminer avec plus de 90 % d'exactitude qui est mort au cours de cette période de suivi », a déclaré Eisenberg . Et ce dernier de rajouter que plus le nombre d'anomalies était élevé, plus le taux de risque de mortalité prématuré augmentait.
Pour expliquer ces résultats, les chercheurs avancent une piste. L'infertilité pourrait être causée par des problèmes généraux de santé préexistants. Selon le Pr Eisenberg, « si l'on suit cette hypothèse, la vraie cause du risque accru de mortalité ne serait pas l'infertilité en soi, mais ces problèmes de santé préexistants. »
En conclusion, ces derniers appellent à mener de nouvelles études en explorant cette piste. Sur les facteurs génétiques, hormonaux ou développementaux de l'infertilité par exemple. « Est-ce que leur tension artérielle est haute ? Quel est leur niveau de sucre dans le sang ? Nous commençons à faire des collectes sur toutes ces données prospectives maintenant, grâce à une collaboration entre plusieurs centres aux États- Unis et au Canada », conclut-il.