« J’ai reçu une dose suffisante pour vacciner 100 millions de personnes », s’étonne Stacy Erhotz, guérie du cancer depuis 6 mois. Cette Américaine de 49 ans a participé à un essai clinique pionnier : expérimenter la virothérapie, dont le but est d’éliminer le cancer grâce à un virus modifié en laboratoire. Les résultats de la première tentative, menée par la Mayo Clinic sur deux patients, sont parus ce 14 mai dans Mayo Clinic Proceedings.
Dans le cadre de cet essai clinique, les chercheurs ont intégré deux volontaires atteints de myélome multiple, un cancer qui atteint les cellules plasmatiques de la moelle osseuse. Toutes les thérapies possibles avaient échoué. L’équipe de la Mayo Clinic a mis au point un virus atténué de la rougeole, modifié de façon à ne cibler que les cellules cancéreuses et épargner les cellules saines. Chaque patient a reçu une dose par intraveineuse, avec la charge virale la plus élevée possible.
Des défenses immunitaires violentes
Le système immunitaire a réagi de manière extrême dans les deux cas. C'est la condition nécessaire à l'éradication des tumeurs. Les patients ont manifesté de fortes poussées de fièvre (40-40,5°C), des épisodes de tachycardie et d’hypotension. Stacy Erhotz, elle, a souffert de nausées et de vomissements peu après l’injection et a développé une thrombose superficielle du bras qui a reçu le virus. C'est cette réaction qui lui a permis de détruire toutes les cellules cancéreuses de son organisme. Le second patient a présenté une réaction moins forte, mais a tout de même vu le cancer de la moelle osseuse et la présence de protéines myélomateuses. Souffrant de fièvre moins intense, d'une tachycardie moins prononcée et sa tension étant plus élevé, son corps n'a pas pu éliminer toutes les cellules cancéreuses.
Si la virothérapie oncolytique existe depuis les années 1950, utilisant des virus de l’herpès, la varicelle ou encore le rhume hivernal. Mais cette étude est la première à signaler un cas de rémission complète sur tous les sites atteints de tumeurs. Prochaine étape pour les chercheurs : un essai clinique de phase 2, ainsi que des tests évaluant l’intérêt d’une combinaison virothérapie et radiothérapie avec de l’iodine 131.