Ils n’ont pas le droit d’acheter du tabac, et pourtant, ils consomment chaque jour l’équivalent de 50 cigarettes. Ils ont entre 7 et 17 ans et travaillent 60 heures par jour. Ces gamins ruinent leur santé dans les champs de tabac. Et l’histoire se passe dans l’un des pays les plus riches au monde, les Etats-Unis. Elle est racontée par le correspondant du magazine Le Point à partir d’un rapport rédigé par Human Rights Watch (HRW). L’association humanitaire a interrogé 141 jeunes américains, pour la plupart d’origine hispanique.
Ces petites mains récoltent dans quatre Etats ((la Virginie, le Tennessee, la Caroline du Nord et le Kentucky) les feuilles de tabac qui vont servir à la consommation mondiale. « La nicotine se transmet par les pores de la peau, notamment quand les feuilles de tabac sont humides, sur le même principe qu'un patch antitabac », explique le journaliste du Point. Nausées, vomissements, maux de tête et vertiges, les enfants subissent les conséquences de la double exposition au tabac et aux pesticides. Certains sont atteints de « la maladie du tabac vert », celle qui donne naissance à des cancers, des troubles nerveux, ou engendre une stérilité.
Curieux paradoxe, relève le magazine, dans un pays qui interdit la vente de cigarettes aux mineurs, mais dont la législation autorise les moins de 12 ans à travailler dans le secteur agricole. Avec des salaires de misère qui sont souvent réservés aux latino-américains qui se tuent à la tâche dans les champs.
« Aucun enfant de moins de 18 ans ne devrait avoir le droit d'effectuer un travail dans lequel il entre en contact direct avec le tabac, sous toutes ses formes », martèle l’organisation non gouvernementale, HRW. Mais l’ONG sait que dans un pays où le lobby du tabac a eu raison de l’engagement politique, cet objectif a peu de chance d’aboutir. C’est donc en s’adressant directement aux fabricants qu’elle compte plaider cette cause. HRW demande à Philip Morris et aux autres géants de ne plus se fournir chez des producteurs de tabac qui mettent en péril la santé de milliers d’enfants.