Les deux premiers cas ont été publiés par un dermatologue italien en 2000 et baptisés dermatite du téléphone mobile. Mais ce qui était une anecdote de spécialistes est désormais un phénomène en hausse qu’une équipe de chercheurs danois et américains passe en revue dans un article publié aujourd’hui dans Pediatric Allergy, Immunology and Pulmonology. Les téléphones portables peuvent causer des réactions allergiques de la peau, sur les joues, les mains, le cou ou encore sur la poitrine ou l’arrière des cuisses, là où le téléphone est souvent glissé dans une poche.
Les allergènes métalliques incriminés
La libération de nickel par les mobiles est l’allergène impliqué dans une grande part des cas de dermatite publiés. Malgré l’ajout en 2009 des téléphones portables dans les produits concernés par la directive européenne limitant les quantités de nickel libérées par les objets, une libération excessive de nickel est identifiée avec 18 à 45 % des mobiles. Les téléphones bon marché sont les plus concernés mais même les modèles de smartphones les plus coûteux ne sont pas épargnés puisqu’un cas publié concernait un utilisateur d’iPhone 5. D’autres allergènes métalliques sont régulièrement incriminés, comme le chrome ou le cobalt.
Les chercheurs notent l’émergence récente de dermatites du téléphone mobile causées par des allergènes non métalliques : certains composants non identifiés du revêtement des écrans des smartphones ou encore certaines colles et substances plastiques contenues dans les housses ou les coques des téléphones.
Les ados particulièrement touchés
Parmi les 34 cas mentionnant l’âge du patient touché, 41% étaient âgés de moins de 18 ans, une population dans laquelle la sensibilisation au nickel est fréquente (33 %). Les auteurs attirent donc l’attention de leurs confrères sur cette forme de dermatite. Face à des manifestations allergiques sur la peau du visage, du cou, des mains, de la poitrine ou des cuisses, chez un adulte ou un adolescent, il est important de suspecter ce diagnostic de dermatite du téléphone mobile et de tester prioritairement la sensibilité aux allergènes métalliques comme le nickel et le chrome.
Les données ne sont pas encore suffisamment nombreuses pour permettre de définir le niveau d’exposition minimum exposant à cette forme de dermatite. Mais les auteurs rappellent que la Commission européenne a défini l’exposition à long terme comme l’utilisation continue du téléphone collé sur la joue pendant 30 minutes et/ou discontinue pendant plus d’une heure par jour au total.