Ce sont les accros à la cocaïne qui en ont apporté la démonstration : une substance peut être extrêmement rapidement et directement assimilée par le cerveau à travers le nez. Mais transférer ce mécanisme aux médicaments des maladies du cerveau n’a pas été facile. Il fallait créer un « véhicule » capable de transporter la molécule médicament jusqu’au cerveau sans en perdre en route, ce qui causerait des effets indésirables, de passer la barrière de protection du cerveau et de libérer le médicament une fois arrivé dans la zone souhaitée du cerveau.
Un polymère de sucre pour véhiculer le médicament
C’est chose faite selon une équipe de pharmacologues danois qui publient leurs travaux dans la revue International Journal of Pharmaceutics. Grâce à un polymère de β-cyclodextrine, un sucre déjà utilisé par les industries pharmaceutique et agroalimentaires, ces chercheurs sont donc parvenus à mettre au point le « véhicule » qui devrait permettre aux traitements des maladies du cerveau comme les migraines ou les maladies psychiatriques de gagner en efficacité en passant par le nez.
Reste à créer un spray à libération lente
« Nous avons résolu le problème du passage du médicament par le nez et celui de la libération du médicament une fois entré dans le cerveau. Maintenant il nous reste un troisième challenge majeur : assurer un apport constant de médicament sur une longue période », souligne Massimiliano Di Cagno, l’un des auteurs de cette étude. La question est particulièrement importante pour les malades chroniques qui ont besoin d’une délivrance régulière du médicament. « La gravité entraine la solution pulvérisée par le spray vers le bas, hors du nez. Nous avons besoin de la coller temporairement à la paroi nasale pour qu’elle puisse agir plus tard, explique le chercheur. Nous devons donc encore inventer cette sorte de colle pour éviter que le médicament pulvérisé par le spray ne s’échappe du nez en quelques minutes ».