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Faux médicaments : un marché à haute rentabilité

Par Philippe Berrebi

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A qui profite le crime ? Hier, Interpol annonçait avoir réalisé entre le 13 et le 20 mai l’une des plus grosses saisies de médicaments contrefaits. Cette traque a permis aux policiers et douaniers d'obtenir la fermeture de 10 000 fausses pharmacies en ligne et d'intercepter plus de 30 millions de dollars de faux médicaments. Ce coup de filet a eu lieu dans 110 pays.

Une preuve supplémentaire de l’étendue et des ramifications de cette nouvelle criminalité. Aline Plançon en sait quelque chose. Depuis dix ans, cette enquêtrice d’Interpol tente d’en démonter les rouages. « Dans certains pays africains, explique cette spécialiste à la journaliste du Monde, Chloé Hecketsweiler, jusqu’à 50 % des médicaments en circulation sont des faux. » Mais les pays riches sont, eux aussi, victimes de ces réseaux de la contrefaçon sur internet. Avec parfois une issue dramatique. En 2013, 62 personnes sont mortes, notamment au Royaume Uni et en Pologne.

Cette guerre menée par la police internationale à ces trafiquants doit s’adapter aux différentes filières. « Nous travaillons de plus en plus avec les réseaux sociaux, qui ont par exemple fermé, cette semaine, plus de 19 000 publicités et vidéos de médicaments illicites », confie Aline Plançon.
En Europe et aux Etats-Unis, Interpol doit aussi faire face aux braquages de camions transportant de vrais médicaments. Un marché noir qui s’avère tout aussi dangereux. « Cela pose un problème important de santé publique quand des doses d'insulines volées et mal stockées, par exemple, sont revendues de façon illicite et provoquent des réactions dramatiques sur le patient », souligne l’enquêtrice d’Interpol.
Plusieurs filières et différents visages. A côté des réseaux informels qui se multiplient partout dans le monde, règnent les grandes organisations criminelles. « Leur force de frappe leur permet de maîtriser l’intégralité de la chaîne », poursuit Aline Plançon dans les colonnes du quotidien. Pour eux, les médicaments représentent « une     diversification » aux côtés de la drogue, des armes ou de la prostitution.

Avec une nuance de taille. Ce marché est l’un des plus lucratifs. « 1 000 euros investis dans les faux médicaments peuvent rapporter entre 200 000 et 450 000 euros, contre 20 000 euros pour le commerce de l'héroïne. Et les peines encourues en cas d’arrestation, elles, ne sont pas dissuasives.