Utiliser les défenses du corps pour créer un vaccin contre le paludisme. Des chercheurs ont découvert un antigène dans le plasma d’enfants vivant en Tanzanie. Il permet au corps de fabriquer des anticorps qui luttent contre le plasmodium falciparum, le parasite responsable du paludisme, détaillent-ils ce 23 mai dans Science.
Moins de parasite dans le sang
Chaque minute, une personne meurt du paludisme, selon l’Organisation Mondiale de la Santé. La plupart du temps, il s’agit d’enfants vivant en Afrique subsaharienne, qui ont été piqués par un moustique porteur du parasite plasmodium falciparum. Actuellement, aucun vaccin ne permet de guérir de la maladie une fois qu’on l’a contractée. Ce vaccin est au cœur de la bataille actuelle, et de multiples candidats se dessinent.
Dans cette étude, les chercheurs se sont intéressés à un antigène qu’ils ont découvert : le PfSEA-1, que l’on trouve dans le plasma de certaines personnes vivant en zone où le paludisme est endémique. Une équipe a mesuré le taux d’anticorps produits chez des enfants de 2 ans vivant en Tanzanie, une autre chez des adultes résidant au Kenya. Ils y ont trouvé l’antigène en question. Le plasma des patients contenait moins de parasites lorsqu’ils possédaient l’antigène PfSEA-1. Cela leur a permis d’être moins malades que les personnes non immunisées.
Piéger le parasite dans la cellule
L’antigène agit en empêchant le plasmodium de se multiplier. Hors de la présence d’anticorps, le parasite infecte les cellules d’hémoglobine puis les quitte pour s’implanter dans d’autres et se multiplie. L’antigène empêche le parasite de quitter les cellules d’hémoglobine qu’il infecte, ce qui réduit la réaction immunitaire.
La découverte enthousiasme les chercheurs. « De nombreux chercheurs tentent de développer un vaccin qui empêche le parasite d’entrer dans les cellules d’hémoglobine », explique le Pr Jonathan Kurtis, principal chercheur. « Ici, nous avons trouvé un moyen de l’empêcher de quitter la cellule une fois qu’il y est entré. S’il est piégé dans la cellule, il ne peut aller nulle part… et ne cause pas plus de dégâts. »
L’équipe a donc mis au point un vaccin qui contient l’antigène, testé chez la souris. L’essai a été couronné de succès : les rongeurs infectés avaient moins de parasites dans le sang. « Il y a six ans, nous avons commencé à utiliser ces échantillons pour identifier de nouveaux candidats aux vaccins, la boucle est maintenant bouclée. Même si une portion de cette étude a été menée chez la souris, la véritable découverte vaccinale a été réalisée à partir d’échantillons humains, nous pensons donc que les résultats peuvent être traduits chez l’homme », anticipe le Pr Kurtis. « Nous espérons démarrer des essais cliniques de phase I très rapidement. »