Protéger les jeunes et plus particulièrement les enfants du tabagisme, c’est la priorité numéro 1 de l’Alliance contre le tabac. A l’approche de la journée mondiale contre le tabagisme, cet organisme qui regroupe actuellement 30 membres intervenant dans le contrôle du tabac vient donc de présenter ses propositions pour le Plan National de Réduction du Tabagisme (PNRT).
« La première mesure que j’aimerais voir appliquer par la population c’est de ne plus fumer en présence d’enfant, » explique Yves Bur, président de l’Alliance contre le tabac et Vice-Président de l’Assemblée Nationale. Pour ce faire, il faudrait d’ores et déjà bannir un peu plus encore le tabac de notre environnement. Une mesure qui ne contrarierait pas les Français selon un sondage IPSOS publié ce lundi par Alliance contre le tabac. En effet, ils seraient une grande majorité à accepter sans problème que les interdictions de fumer soient étendues. Aux abords des écoles, dans les parcs publics, dans les gradins de stade, sous les abribus, aux terrasses des cafés, et même dans les véhicules privées. Pour 95% des personnes interrogées, il est "très souhaitable" ou "plutôt souhaitable" que les gens soient protégées de la fumée de cigarettes dans les voitures en présence d’enfants.
Un tabagisme passif particulièrement nocif en voiture
Pour les experts de cette association anti-tabac, cette mesure aurait donc pour objectif principal de protéger les enfants d’un tabagisme passif particulièrement néfaste pour la santé des enfants dans les espaces clos. Ces spécialistes insistent par ailleurs sur le fait que d’autres pays ont déjà adopté des mesures législatives en ce sens. L’Afrique du Sud, certaines provinces du Canada, Chypre ou encore l’Australie. Tous ont déjà banni le tabac des voitures privées en présence des enfants et aucun ne serait revenu en arrière. De plus encore plus proches de nous, les députés britanniques ont également dit oui à cette interdiction en février dernier. Et les preuves scientifiques des dégâts causés par cette attitude s’accumulent depuis plusieurs années. « L’exposition passive à la fumée du tabac est une cause majeure de morbidité chez les enfants », expliquaient en février dernier des centaines de professionnels de santé dans une lettre ouverte publiée dans le BMJ. Les médecins du Royal College y estimaient que chaque année au Royaume-Uni, elle est responsable de 300 000 consultations chez le généraliste, 9500 admissions à l'hôpital, et au moins 40 morts subites du nourrisson.
Ecoutez Dominique Bacri, Directrice adjointe de la Fondation du souffle : « Une étude qui a été reprise par l’OMS montre que le nombre de particules fines génératrices de cancer est 10 fois plus élevé dans une voiture fumeur que non-fumeurs. »
Vers une interdiction dans un lieu privé ?
Par ailleurs, des tentatives avortées d’interdiction du tabac dans les véhicules ont déjà était lancées. En mars 2013, Yannick Vaugrenard, sénateur socialiste de Loire-Atlantique avait déjà proposé d’interdire la cigarette au volant en présence d’enfants. En vain. Marisol Touraine lui avait même répondu que sa proposition se heurtait au caractère privé d’une voiture. Mais pour Yannick Vaugrenard comme pour les experts de l’Alliance contre le tabac, la protection de la santé des enfants ne s’arrête pas à la porte de chaque domicile ou automobile. Ils posent la question de savoir qui est réellement liberticide dans ce domaine. Le législateur qui propose une telle mesure pour débanaliser le fait de fumer ou le fumeur qui impose à des enfants de respirer un air nuisible à leur santé ? D’après une étude réalisée au Québec, 10% des fumeurs continuent de fumer dans leur véhicule en présence de leurs enfants.
Ecoutez Dominique Bacri : « C’est une mesure de santé publique tout à fait acceptable puisqu’elle vise à protéger les enfants qui sont fragiles et qui n’ont pas le choix de dire je ne veux pas aller dans la voiture. »
D’autres propositions pour protéger les enfants
Mais pour garder les jeunes à distance du tabagisme, ces experts ne se sont pas limités à proposer l’interdiction de fumer dans les véhicules en leur présence. Selon eux il est tout d’abord primordial de réduire l’attractivité des produits du tabac. Et pour commencer ils militent par exemple pour la mise en place des paquets neutres standardisés et l’augmentation de la taille des avertissements sanitaires prônée par la directive européenne.
De plus, ces spécialistes insistent sur l’importance d’une interdiction plus stricte de la publicité dans les lieux de vente et de l’intérêt de s’inspirer des expériences internationales pour une mise en place progressive de la vente sous le comptoir. Enfin, l’Alliance contre le tabac propose également de commencer par un meilleur contrôle de l’application des mesures de protection déjà en place : mettre en place des testings pour contrôler l’interdiction de la vente aux mineurs de cigarettes et de e-cigarettes. Cependant la seule interdiction de vente aux mineurs ne saurait se suffire à elle-même et doit être envisagée comme un instrument de lutte contre le tabagisme ancré dans une stratégie plus globale pour ces spécialistes qui rappellent qu’entre 200 000 et 300 000 jeunes tombent chaque année dans le piège du tabagisme en France.