En France, la chirurgie de l’obésité n’est envisagée qu’en dernier recours. Elle est réservée à des patients souffrant d’obésité sévère, avec un indice de masse corporelle supérieur à 35 et résistante depuis plusieurs années à tout autre traitement (diététique, éducation physique …) Deux nouvelles études présentées au congrès américain de cardiologie pourraient changer la donne. Elles démontrent qu’opérer un obèse est beaucoup plus efficace pour traiter son diabète de type 2 que le trio classique régime diététique, exercice physique et médicaments antidiabétiques.Deux ans après leur opération, 75 à 95% des patients avaient retrouvé une glycémie normale, autrement dit leur diabète était en rémission, contre aucun parmi les patients qui prenaient des médicaments.
Une grande étude suédoise avait déjà permis d’observer les effets bénéfiques de la chirurgie de l’obésité sur le diabète de type 2. La force de ces nouvelles études est de confirmer ces résultats en ayant décidé par tirage au sort de traiter chaque patient par médicament ou par chirurgie, ce qu’on appelle une étude randomisée.
L’ampleur de ces bons résultats amène les spécialistes à s’interroger : pourquoi garder la chirurgie comme dernière option ? Sachant qu’un diabétique sur 2 souffre également d’obésité, la chirurgie ne pourrait-elle pas être utile pour des patients diabétiques dont l’obésité serait moins sévère ?
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Mais ce qui freine les spécialistes, c’est que la chirurgie de l’obésité, qu’on appelle aussi chirurgie bariatrique, n’est vraiment pas une opération anodine. Il y a 2 grandes techniques chirurgicales pour réduire la quantité d’aliments absorbés. Soit la capacité de l’estomac est restreinte par la pose d’un anneau gastrique ou par l’ablation d’une partie de la poche; soit l’estomac est en grande partie court-circuité, c’est ce que l’on appelle le by-pass gastrique ou la dérivation bilio-pancréatique en fonction de l’endroit où la dérivation est « raccordée » à l’intestin. Comme pour toute chirurgie, il peut y avoir des complications et les séquelles ne sont pas rares : reflux, diarrhée, carences vitaminiques, etc...
Il y a donc un pas encore loin d’être franchi avant de faire de la chirurgie le traitement de choix du diabète de type 2 chez toutes les personnes obèses. D’autant plus que la probabilité est forte pour que le diabète disparaisse avec la chirurgie mais ressurgisse plus tard.
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Par ailleurs, on sait que la chirurgie de l’obésité a d’autres bienfaits que le traitement du diabète. Elle soulage le cœur et les vaisseaux en réduisant l’hypertension artérielle et la mortalité par infarctus ou par accident vasculaire cérébral. En octobre dernier, une étude américaine avait même démontré que l’opération d’une personne obèse était bénéfique à toute sa famille en incitant chacun à manger mieux et à se dépenser davantage.