La cathinone de synthèse... C'est le nom de la drogue qui inquiète actuellement les autorités européennes. Dans son rapport annuel, l’EMCDDA (1) met en garde contre cette nouvelle drogue découverte en Europe en 2008. Ce stimulant existe sous 50 dérivés. Parmi eux, le MDPV, une drogue avec des effets proches de la cocaïne et des amphétamines, et le pentédrone. Comme l’explique l’EMCDDA, cette drogue peut se sniffer ou être avalée sous forme de pilules mais la vraie inquiétude vient du fait qu’elle peut s’injecter. Pour l’instant, la pratique n’est pas généralisée mais elle est observée dans des cercles de toxicomanes en Allemagne, Espagne et au Royaume-Uni. Les pays de l’Est, comme la Hongrie et la Roumanie, pratiquent beaucoup l’injection. « En Hongrie, par exemple, une étude des programmes d’échange de seringues, menée à l’échelle nationale, a révélé qu’en 2012, les cathinones étaient la principale drogue injectée pour 36 % des usagers », constate le rapport.
L’étude fait état de comportements très préoccupants chez des groupes d’homosexuels dans des grandes villes européennes. Lors de « rencontres sexuelles chimiques », les participants s’injectent de la cathinone coupée avec de la méthamphétamine et ont des rapports sexuels non protégés. L’EMCDDA tient à implanter « une surveillance étroite du phénomène » car elle « apparaît essentielle en termes de santé publique ».
Chrystal meth, un fléau qui arrive en Europe
Moins nouvelles mais tout aussi dangereuse, la MDMA attire beaucoup les jeunes. Cette drogue, à base d’ecstasy, inquiète car le produit consommé est de plus en plus fort. C’est le constat de la Commissaire Européenne aux affaires intérieures, Cecilia Malmström : « Certains signes montrent que l’ecstasy et le cannabis vendus dans la rue sont de plus en plus fortement dosés. » Autre problème, la MDMA est extrêmement difficile à détecter. « Les instances européennes (…) sont de plus en plus souvent confrontées à des substances sous la forme de poudres apparemment inoffensives, conditionnées dans des emballages de petite taille, faciles à transporter, qui peuvent contenir en réalité des milliers de doses individuelles », confie la Commissaire Malmström.
L’EMCDDA constate que la consommation d’amphétamine reste toujours inférieure à celle de la cocaïne. 11,4 millions de personnes reconnaissent avoir expérimenter cette drogue au moins une fois. Mais c’est un dérivé de l’amphétamine, la méthamphétamine, qui pose problème. Aussi appelée « crystal meth », cette drogue est considérée comme un véritable fléau aux Etats-Unis. Extrêmement addictive, elle marque ses consommateurs physiquement et mentalement. C’est la série télé Breaking Bad qui montrait bien les ravages que fait cette drogue dans le sud des Etats-Unis. En Europe, l’EMCDDA a constaté que les saisies de méthamphétamine étaient en forte hausse depuis quelques années. Historiquement consommée en République Tchèque et en Slovaquie, la « crystal meth » a fait son apparition en Europe du Sud. Elle « risque de s’étendre dans les populations vulnérables », craint l’EMCDDA.
Baisse de la consommation de cocaïne
La cocaïne, même si elle reste la drogue la plus consommée, semble être en baisse depuis quelques années. Plusieurs études réalisées dans des pays de l’UE montrent que la prévalence, parmi les 15-34 ans, est en baisse. Le Danemark, le Royaume-Uni et l’Espagne, où la cocaïne est très consommée, ont pu constater une baisse de la consommation.
Avec 1,3 millions de consommateurs, l’Union Européenne doit faire face au problème de l’héroïne. Mais l’EMCDDA constate que le nombre d’héroïnomanes entamant un traitement pour la première fois est passé de 59 000 en 2007 à 31 000 en 2012. Cette baisse de la consommation d’héroïne et de cocaïne s’accompagne d’une baisse du nombre d’overdoses. Elle sont passées de 7 100 cas en 2007 à 6 500 cas en 2012.
(1) European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction