Wikipédia a la cote auprès des médecins… et les induit en erreur. Selon une étude récemment parue dans le Journal of the American Osteopathic Association, la quasi totalité des fiches sur les 10 maladies qui pèsent le plus sur le système de santé américain est erronée.
Plus de la moitié des médecins l'utilisent
47 à 70% des médecins et étudiants en médecine reconnaissent avoir recours à l’outil dans leur pratique. Il pourrait même y en avoir plus, affirme le Dr Robert Hasty de l’université Campbell (Caroline du Nord, Etats-Unis) : « Wikipédia, c’est un peu comme les flatulences pour les médecins. Tout le monde en a, mais personne ne veut l’admettre », plaisante le chercheur dans le journal de l’université Campbell. Le problème, ou au minimum le principe, c'est que l’outil peut être édité par tout un chacun. Le Dr Hasty a donc passé en revue 10 fiches concernant les maladies qui font dépenser le plus aux Etats-Unis, notamment les maladies cardiovasculaires (fiche « maladie coronarienne »), les troubles liés à un traumatisme (« commotion cérébrale ») ou encore le diabète (« diabète de type 2 »).
Des erreurs significatives
10 résidents en médecine interne ont vérifié chacun deux articles dans le cadre de l’étude et les ont comparés avec la littérature approuvée par des pairs. Dans 9 cas sur 10, des erreurs significatives ont émergé. La fiche sur les commotions cérébrales est la seule à tirer son épingle du jeu : aucune différence notable n’émerge, à tel point qu'elle semble rédigée par des professionnels. Mais cette exception confirme ce qui devrait être la règle : l’outil ne peut en aucun cas devenir une référence pour les professionnels. « A l’exception des maladies psychiatriques, la recherche scientifique ne s’est jamais, à notre connaissance, appuyée sur du contenu Wikipédia », insiste le Dr Robert Hasty.
Selon le Dr Hasty, « Wikipédia possède un grand potentiel » mais il reste un long chemin avant que l’outil informatique ne devienne une référence. Il cite notamment une étude qui a comparé Wikipédia à la référence encyclopédique : l’Encyclopeadia Britannica. Là encore, l’encyclopédie en ligne montrait ses faiblesses. « L’idée fondatrice de Wikipédia, c’est que la masse produit mieux avec le temps », souligne le Dr Hasty, « mais notre recherche montre qu’il y a encore du chemin à faire. » La précaution doit donc être de mise lorsque des médecins ou des étudiants en médecine consultent les fiches de l’outil… ce qui doit rester une solution de dernier recours.