Voilà une étude qui pourrait faire trembler les adeptes de Youporn. Le cerveau pourrait bien pâtir des vidéos pornographiques, selon une étude parue ce 28 mai dans le JAMA Psychiatry. Des chercheurs de l’Institut Max Planck pour le Développement humain, en Allemagne, ont noté que certaines zones du cerveau des consommateurs de porno est plus petite que la population générale.
Stimuler le centre du plaisir
C’est un grand classique de la sexualité en solitaire… La moitié du trafic Internet est lié au sexe. Et en moyenne, les 64 participants à cette étude – des hommes âgés de 21 à 45 ans – ont regardé 4 heures de films pornographiques par semaine, selon leur propre aveu. Ils se sont pliés à un test, l’Internet Sex Screening Test, qui évalue le risque d’addiction au contenu explicite en ligne, ainsi qu’à des IRM. Ensuite, 6 séries de 10 images leur ont été présentées et leur réaction mesurée. A partir des résultats, les chercheurs ont tenté d’évaluer l’impact de la pornographie sur l’activité du cerveau.
« Nous avons constaté un lien négatif significatif entre le fait de regarder de la pornographie pendant plusieurs heures par semaine et le volume de matière grise dans le lobe droit du cerveau », ainsi que l’activité du cortex préfrontal, souligne l’étude. Cela signifie que le cerveau répond moins facilement à des stimuli sexuels chez les gros consommateurs de porno. En revanche, pas de différence de réaction entre les participants lorsque les stimuli n’étaient pas de nature sexuelle. « Ces effets pourraient indiquer des changements dans la plasticité neuronale résultant d’une intense stimulation du centre du plaisir », estiment les auteurs de l’étude.
Des zones associées à la consommation de drogue
Ce qui est inquiétant, c’est que les deux zones du cerveau sur lesquelles la pornographie agit sont associées à la consommation de drogue. La zone droite du striatum, structure nerveuse sous le cortex cérébral, est liée au processus d’accoutumance lors de la consommation de drogues. Une dysfonction du cortex préfrontal est elle aussi associée à l’abus de substances psychoactives. D’ailleurs, les chercheurs notent que le cerveau des consommateurs de pornographie peut être comparé à celui des consommateurs de cocaïne ou de métamphétamine. En revanche, rien ne dit que ce soit la conséquence d’un abus de vidéos pornographiques. « Des individus dont le volume du striatum est plus petit pourraient avoir besoin de plus de stimulations externes pour ressentir du plaisir », envisagent les chercheurs. « Ils chercheraient davantage de plaisir en regardant des films pornographiques. »