100 000 vies pourraient être épargnées chaque année en Europe grâce à des formations de réanimation cardio-pulmonaire (RCP). C’est ce qui ressort d’une présentation orchestrée ce 2 juin par le Pr Bernd Böttinger, Directeur des Sciences et de la Recherche au Conseil Européen de la Réanimation (ERC) lors du congrès Euroanaesthesia à Stockholm (Suède).
Une survie de 40% en Suède
« 350 000 personnes décèdent par arrêt cardiaque hors hôpital chaque année, soit environ 1 000 par jour ; c’est l’équivalent de deux gros jumbo jets pleins qui s’écrasent chaque jour, tous les jours de l’année, sans aucun survivant. Si cela arrivait, est-ce qu’on ne ferait pas tout pour l’empêcher ? » s’interroge le Pr Böttiger. Les arrêts cardiaques hors hôpital représentent ainsi la 3e cause de décès en Europe après les cancers et les autres causes cardiovasculaires.
Rien d’étonnant à cela : la réanimation cardio-pulmonaire n’est pratiquée que dans un arrêt cardiaque hors hôpital sur cinq. Et encore, cette moyenne cache de larges écarts : 12% et 17% des témoins y recourent en Andalousie (Espagne) et en Allemagne. En Suède et aux Pays-Bas, ce sont 59% et 61% des passants qui pratiquent la RCP en cas d’arrêt cardiaque. Ce geste multiplie pourtant par deux, voire trois, les chances de survie d’une victime. Par exemple, en France, 5% des victimes d’arrêt cardiaque survivent. En Suède et aux Pays-Bas, c’est 8 fois plus.
Stayin’ Alive, Get Lucky
Pour espérer atteindre ces excellents résultats, une solution aux yeux du Pr Böttinger : former les gens à la réanimation. Il suggère de commencer par les écoliers, dès 12 ans, à hauteur de 2 heures par an. Des enseignants eux-mêmes formés peuvent apprendre à leurs élèves comment pratiquer un massage cardiaque, comme c’est déjà le cas au Danemark. Le spécialiste en réanimation suggère d’ailleurs aux personnes formées de faire passer le message autour d’eux. « Une épouse, un mari, un fils ou une fille, un ami, un chauffeur de taxi : absolument n’importe qui peut apprendre la réanimation, relancer le cœur de quelqu’un, et sauver sa vie », souligne le Pr Böttiger.
En France, les recommandations : toute personne constatant un arrêt cardiaque (la personne est au sol, inconsciente et ne respire plus) est invitée à contacter les secours avant tout en appelant le 15, ou le 112 en Europe. En présence de défibrillateur cardiaque, il est vivement recommandé de l’utiliser. En son absence, il faut commencer le massage cardiaque le plus vite possible : placer le talon d’une main au centre de la poitrine, poser l’autre main dessus et entrecroiser les doigts. Les compressions doivent être exécutées avec vigueur et rapidité (sur le rythme de Stayin’ Alive des Bee Gees ou de Get Lucky des Daft Punk) jusqu’à l’arrivée des secours. Si le passant le souhaite, il peut insuffler deux respirations à la victime toutes les 30 compressions. Ces gestes qui sauvent sont enseignés aux jeunes gens lors des Journées d’Appel et de Préparation à la Défense (JAPD). Des formations sont également disponibles auprès des organismes de secourisme.