Refroidir le corps pour préserver le cerveau, la technique d’hypothermie thérapeutique est connue depuis les années 50, mais les réanimateurs l’utilisent régulièrement depuis quinze ans. En abaissant la température corporelle d’un patient victime d’un traumatisme important à 32/34°C, les spécialistes protègent le cerveau en limitant son activité.
Mais l’expérience à laquelle va se livrer le Dr Samuel Tisherman est beaucoup plus radicale. Avec son équipe du service de réanimation chirurgicale du Presbyterian Hospital de Pittsburgh, ce médecin va sélectionner dix patients victimes d’une blessure thoracique qui arriveront aux urgences en ayant perdu la moitié de leur volume sanguin. Leurs chances de survie ne dépassent pas 7 %.
« Ils vont ralentir par le froid le métabolisme cellulaire de patients dans un état critique (…) en remplaçant intégralement leur sang par une solution saline », explique Jean-Yves Nau sur le site Slate. Les médecins disposeront de 15 minutes pour abaisser de 10° C la température corporelle. « À ce stade, précise Le Quotidien du Médecin, le patient sera cliniquement mort. Les artères coronaires de chaque patient seront clampées, et un cathéter sera posé dans l’aorte pour injecter une solution saline ». Les chirurgiens auront alors deux heures pour soigner la blessure et reperfuser le patient avec du sang chauffé. L’objectif est de réduire les besoins en oxygène en donnant la possibilité aux médecins de traiter les lésions avant la mort cérébrale.
Testée sur des porcs saignés pour obtenir une perte importante de sang, cette technique a permis aux animaux de survivre sans séquelle neurologique.
Ce protocole, présenté dans le magazine New Scientist et approuvé par la Food and Drug Administration (FDA), est à haut risque, souligne Jean-Yves Nau, dans la mesure où les tissus cérébraux ne seront plus irrigués par le sang pendant un moment. L’auteur de ces travaux refuse, lui, de parler de vie suspendue. Mais les réanimateurs vont quand même tenter de ramener à la vie de très grands blessés.
