Les opérations des amygdales sont compliquées par le tabagisme passif. Une étude présentée ce 1er juin au congrès Euroanaesthesia qui se tient à Stockholm (Suède) souligne les méfaits d’une exposition élevée au monoxyde de carbone chez les enfants qui subissent une ablation des amygdales.
Une hémoglobine toxique
La moitié de la population mondiale utilise la biomasse ou le charbon pour se chauffer ou cuisiner. Les poêles à charbon sont régulièrement utilisés en France. Mais ces appareils, tout comme la cigarette, libèrent du monoxyde de carbone. En plus d’être toxique, il entraîne la formation de carboxyhémoglobine, une forme d’hémoglobine toxique pour l’organisme car elle transporte de l’oxyde de carbone au lieu d’oxygène. La carboxyhémoglobine favorise notamment les complications postopératoires. 40 à 70% des enfants dans le monde sont pourtant exposés au monoxyde de carbone.
Des chercheurs ont suivi l’ablation des amygdales de 100 enfants turcs, dont 64 présentaient des taux élevés de carboxyhémoglobine. Dans la plupart des cas, c’était la conséquence du recours au poêle à charbon, mais la moitié des parents ont admis fumer en présence de leur enfant. Après l’opération, les scientifiques ont comparé la fréquence des complications et le ressenti de la douleur avec la concentration de carboxyhémoglobine.
Des doses d’antidouleur doublées
Une semaine après l’opération des amygdales, un fossé sépare les enfants avec peu de carboxyhémoglobine et ceux présentant des taux élevés. Dans le premier groupe, 14% des patients connaissent des complications, contre 47% dans le second – soit trois fois plus. La nature des complications est variée : saignements postopératoires, nécessité de ré-opérer l’enfant, faible pression artérielle ou encore bronchospasme (rétrécissement des voies respiratoires). Les chercheurs ont aussi noté qu’il fallait deux fois plus de tramadol pour que les patients ne ressentent plus de douleur, quatre et vingt-quatre heures après l’opération.
L’exposition au monoxyde de carbone est extrêmement dangereuse, comme le rappellent régulièrement les autorités de santé. Des intoxications pouvant être mortelles surviennent chaque hiver. Récemment, l’agence de sécurité sanitaire (Anses) estimait que la pollution intérieure, notamment au monoxyde de carbone, représente un coût annuel de 19 millions d’euros.