Dans une étude présentée le 1er juin au Congrès annuel de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO), des chercheurs prétendent avoir mis au point une nouvelle stratégie de traitement permettant de prolonger nettement la vie d'hommes atteints d'un cancer invasif de la prostate. Ces travaux, selon les experts, marquent la première avancée contre cette maladie depuis 70 ans, et ouvrent la voie à un changement de la pratique médicale.
790 hommes inclus dans l'étude
L'étude a été menée sur 790 hommes qui venaient d'être diagnostiqués d'un cancer métastasé de cette glande. Normalement, le cancer de la prostate est stimulé par des hormones mâles ou androgènes dans le sang et le traitement hormonal vise à en réduire la quantité. Bien que cette thérapie soit efficace, le cancer finit par devenir résistant chez la plupart des malades. La chimiothérapie est le plus souvent initiée après que la maladie progresse malgré le traitement hormonal. Ici, les travaux de l'équipe américaine ont démontré que le recours à de la chimiothérapie combinée au traitement hormonal standard prolongeait la vie de ces malades.
« La thérapie hormonale est le traitement de choix du cancer de la prostate depuis les années 50 », relève le Dr Christopher Sweeney, cancérologue à l'Institut du Cancer Dana-Farber à Boston, qui a mené cet essai clinique. Selon lui, « ces résultats sont importants et cette thérapie combinée devrait être le nouveau traitement de choix pour les hommes dont le cancer s'est déjà bien propagé.»
1 an de plus de survie avec la nouvelle stratégie
Les participants de cette étude ont été divisés en deux groupes : une moitié qui a reçu seulement une hormonothérapie et une autre partie qui a en plus reçu du Docétaxel, un agent chimique déjà ancien qui empêche la multiplication des cellules cancéreuses. Après un suivi de 29 mois, 136 décès ont été enregistrés dans le groupe traité seulement avec la thérapie hormonale et 101 parmi les malades soignés avec en plus une chimiothérapie. Pour toute la durée de l'étude, la durée médiane de survie a été de 44 mois dans le groupe avec le traitement hormonal seul, contre 57,6 mois chez ceux ayant aussi pris du Docétaxel.
Par ailleurs, la durée médiane d'apparition de signes d'une progression du cancer a été de 19,8 mois dans le groupe d'hormonothérapie seule et de 32,7 mois chez ceux ayant aussi eu de la chimiothérapie.
Des résultats à confirmer sur les patients avec peu de métastases
Du côté des chercheurs français, on salue également ces résultats. « L'étude américaine est clairement une avancée car c'est la première fois que des patients avec un cancer de la prostate métastatique ont un gain global de survie », a fait valoir auprès de l'Agence France Presse le Pr Karim Fizazi, chef du département d'oncologie de l'Institut Gustave Roussy à Paris qui n'a pas participé à cet essai clinique.
Et ce dernier de conclure en indiquant que l'essai clinique américain « pourrait changer la pratique médicale tout au moins pour les malades atteints des formes les plus métastatiques de cancer de la prostate. » Concernant ceux avec peu de métastases ou ayant une tumeur localisée, il faudra attendre plus de résultats des études en cours, conclut-il.