Arrêter de fumer, plus facile pour certains ? Une étude, parue ce 3 juin dans Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention, suggère que certains facteurs peuvent booster les chances de réussite chez un jeune qui décide de cesser le tabac. Certains sont évidents, comme l’environnement familial, d’autres plus inattendus, comme le sexe et la pratique d’un sport.
Les dépendances nuisent à la réussite
620 adolescents ont participé à cette étude pendant cinq ans. Au début de l’étude, ils étaient âgés de 12-13 ans et ont fourni tous les trois mois des données précises sur eux-mêmes, leur environnement et la façon dont ils le perçoivent. Dans l’ensemble, les élèves étaient très exposés à la cigarette : 43% d’entre eux avaient des parents fumeurs, 87% des amis fumeurs et 78% ont souvent vu un membre du personnel scolaire fumer.
Côté obstacles à l'arrêt du tabac, cette étude ne contient pas de surprise. Les tensions familiales, les inquiétudes sur son poids ou l’existence d’un surpoids nuisent à son succès. Les consommateurs de drogues illicites parvenaient moins à cesser de fumer. Même constat chez les jeunes plus tolérants à la fumée de cigarette ou dépendants à la nicotine qui voient les chances de se sevrer totalement reculer de 10 et 30%. « Dans l’ensemble, ces résultats soutiennent l’hypothèse selon laquelle les nouveaux fumeurs qui vivent dans une famille ayant de saines habitudes, notamment où ne pas fumer est la norme et où les échanges sont positifs et fonctionnels, ont plus de facilité à cesser de fumer », commence le Pr O’Loughlin. Selon elle, les parents devraient pousser leurs enfants à adopter des habitudes saines et créer une relation saine avec leur progéniture afin d’optimiser les chances de réussite du sevrage.
Les sports collectifs aident à arrêter
Dans le cadre de l’étude, les garçons semblaient nettement plus favorisés : être de sexe masculin améliore de 80% les chances de réussite dans l’arrêt de la cigarette. C’est aussi le cas des adolescents plus âgés, qui ont 30% de chances en plus de cesser de fumer par rapport à leurs camarades plus jeunes. La pratique d’un sport en équipe joue aussi : parmi les jeunes qui ont décidé de se sevrer, ceux qui pratiquaient un sport collectif ou qui étaient effrayés par les messages sanitaires sur les paquets voyaient aussi les chances de réussir grimper respectivement de 40% et 44%.
« Les prédicteurs que nous avons identifiés relèvent du bon sens, et plusieurs se prêtent bien à une intervention, ce qui est une bonne nouvelle », se félicite le Pr Jennifer O’Loughlin, co-auteur de l’étude. Toutefois, « il est impératif de mieux comprendre les facteurs qui favorisent la cessation du tabagisme chez les filles comparativement aux garçons, afin de concevoir des interventions ciblées en fonction du sexe », précise la chercheuse.