L’immunothérapie contre le mélanome enthousiasme les chercheurs. Plusieurs études sont présentées au congrès annuel de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) qui se tient à Chicago (Illinois, Etats-Unis). Deux anticorps attirent particulièrement l’attention : le nivolumab et l’ipilumab, qui ciblent et bloquent les « gardiens » des lymphocytes T (PD-1 et CTLA-4). Ces médicaments désarment les défenses des tumeurs contre le système immunitaire, tout en boostant la capacité de ce dernier à combattre le mélanome, tumeur grave de la peau.
Des effets secondaires sérieux
Un point commun entre les trois études présentées au congrès de l’ASCO : des avancées prometteuses dans la survie des patients après un mélanome sérieux. L’ipilimumab, déjà approuvé par l’autorité sanitaire américaine, la FDA, en traitement du mélanome métastatique (stade 4) inopérable, s’avère aussi bénéfique contre le mélanome de stade 3 à haut risque de récidive. Le risque de récidive chute de 25% chez les patients traités et la survie sans rechute grimpe à 46,5% contre 34% avec un placebo. « Cet essai sur l’ipilimumab est le premier à montrer qu’il est possible de prescrire ces médicaments plus tôt dans l’évolution de la maladie, lorsqu’ils sont plus bénéfiques et peuvent guérir plus de patients », se félicite le Pr Alexander Eggermont, directeur général de l’Institut de cancérologie Gustave-Roussy (Villejuif, Val-de-Marne). Les effets secondaires d’un tel traitement sont toutefois considérables : 5 patients sur les 234 traités sont décédés à cause du traitement, et la moitié des participants ont arrêté de prendre leurs médicaments.
Des bienfaits contre les formes métasatiques
Le second médicament prometteur, le nivolumab, intéresse aussi les médecins. Dans un essai de phase 1 mené par l’Ecole de médecine David-Geffen de l’université de Californie à Los Angeles, 221 malades déjà traités à l’ipilimumab pour un mélanome métastatique ont testé le médicament. A un an, la survie s’élève à 69% et 88% des mélanomes ont réagi au traitement. « Nous sommes excités de voir que le MK-3475 est efficace chez des patients non traités précédemment aussi bien que ceux qui avaient reçu plusieurs traitements, y compris l’ipilimumab », s’enthousiasme Antoni Ribas, co-auteur de l’étude. « Ce sont des données précoces, mais elles soulignent que nous sommes face à quelque chose de vraiment important. »
Une combinaison efficace
Mais c’est la combinaison des deux anticorps qui suscite le plus d'intérêt. Un essai de phase 1 a évalué l’efficacité d’une combinaison ipilimumab-nivolumab chez 53 patients atteints de mélanome avancé inopérable. Pendant 4 cycles, les malades ont pris une combinaison des deux molécules toutes les 3 semaines puis du nivolumab seul selon le même principe. A six mois de traitement, les patients dont le cancer n’évoluait plus et ceux chez qui les effets secondaires étaient modérés ont poursuivi le traitement combiné toutes les 12 semaines pendant 8 cycles. La combinaison des deux anticorps a doublé la survie médiane par rapport à une molécule seule. 7% des patients ont même présenté une rémission complète. « Il y a quelques années, la survie médiane des patients atteints de mélanome avancé ne dépassait pas un an, et seuls 20-25% survivaient deux ans, il est donc vraiment remarquable que nous observions une survie médiane de plus de trois ans dans cette étude », souligne Mario Sznol, principal auteur de l’étude. Reste à confirmer les bénéfices de ces traitements dans des essais plus larges.