Le visage du corps médical est plus senior, plus féminin et plus spécialisé, constate le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) dans son Atlas de la démographie médicale, consultable en ligne grâce à une cartographie interactive. Au 1er janvier 2014, la France comptait en effet 198 760 médecins en activité dont 44 % de femmes et âgés en moyenne de 51 ans. Parmi eux, la part des généralistes ne cesse de diminuer, leur nombre est en recul de 6,5 % depuis 2007, quand celui des spécialistes est en hausse de 6,1%.
Seules la façade atlantique et les Alpes sont épargnées
« Selon nos courbes, cette tendance devrait se poursuivre jusqu’en 2018 voire 2020. L’Ordre ne cesse de le répéter mais désormais la situation est criante, les Français vont avoir de plus en plus de mal à avoir un médecin généraliste à portée de main », prévient le Dr Jean-François Rault, président de la section Santé publique et démographie médicale du Conseil de l’Ordre. Sur la période 2007-2014, seuls les départements de la façade atlantique et de la région Rhône-Alpes ont vu augmenter leur nombre de médecins généralistes. A l’inverse, Paris a vu ses effectifs fondre de 21 %, l’Aisne de 18% et la Nièvre et le Val-de-Marne de 17%.
25 % de généralistes à formation complémentaire
Ce qui inquiète particulièrement l’Ordre, c’est que cette diminution des effectifs de médecins généralistes vient se conjuguer à la tendance des formations complémentaires. 25% des généralistes déclarent une formation en médecine du sport, en allergologie, en acupuncture ou en ostéopathie par exemple. Et le chiffre est probablement sous-estimé puisque la déclaration n’est pas obligatoire. Le problème, c’est que ces médecins aux 2 casquettes sont rarement des généralistes comme les autres, des médecins de famille consultables en urgence. Généralement, ils ont une activité de consultations plus faible et pratiquent davantage les dépassements d’honoraires. « Ces choix de spécialités appellent une certaine vigilance quant à l’offre de soins de proximité », souligne le Conseil de l’Ordre.
Ecoutez le Dr Jean-François Rault, président de la section Santé publique et démographie médicale du Conseil de l’Ordre : « Non seulement, il y a de moins en moins de généralistes mais parmi les généralistes, il y a des médecins du sport, des angiologues et des allergologues et de moins en moins de médecins de famille. »
L’Atlas de l’Ordre des médecins souligne également les divergences entre démographie et démographie médicale. La région Ile de France en est l’exemple caractéristique. Elle recense la plus forte baisse d’effectifs de médecins en exercice (-5,6 %) quand dans la même période 2007-2014, sa population a augmenté de 4%. « On aurait pu penser que la densité de population était un facteur d’attractivité pour les jeunes médecins, même pas », souligne le Dr Rault.
34 % de médecins exercent en groupe de même spécialité
Pour optimiser la présence médicale sur tout le territoire français, l’Ordre prône le développement des cabinets de groupe, notamment lorsqu’ils regroupent plusieurs spécialités médicales.
Ecoutez le Dr Jean-François Rault : « Dans l’adversité, il faut se regrouper. Or un tiers des jeunes médecins continuent à s’installer seul dans leur cabinet. »
En attendant, le recours aux médecins retraités actifs, dont le nombre est en hausse, est une solution palliative à ces difficultés démographiques. « Mais elle n’est pas pérenne, insiste le Dr Rault. D’abord parce que ces médecins n’exercent que 4 à 5 ans au début de leur retraite et parce qu’ils ne continuent pas lorsqu’ils atteignent 65 ou 67 ans dans les secteurs où les médecins manquent, où l’exercice est difficile et isolé ».