Les beaux jours reviennent… et les allergies se multiplient. Pour un Français sur quatre, c’est la même rengaine à chaque printemps : éternuements, nez qui coule, gorge qui gratte, quintes de toux et yeux larmoyants. Mais qu’est-ce qui est à l’origine des allergies aux pollens ? Des chercheurs autrichiens expliquent le mécanisme à l’œuvre dans le Journal of Biological Chemistry.
Une protéine stimule le système immunitaire
Parmi les allergies aux pollens, celle au pollen de bouleau est sans conteste la plus connue. C’est aussi celle qu’a utilisé l’équipe de l’université médicale de Vienne (Autriche) pour expliquer comment fonctionne une réaction allergique. Pour cela, ils ont recréé en laboratoire l’allergène présent dans le pollen de bouleau, la protéine Bet v 1 (Betula verrucosa). Elle rend le système immunitaire hypersensible et entraîne la formation d’anticorps pathogènes – l’immunoglobuline IgE – chez 95% des allergiques.
Mais jusqu’ici, la raison pour laquelle ces protéines déclenchaient des allergies était inconnue. C’est désormais chose faite : ce sont les « poches » moléculaires de la protéine Bet v 1 qui déterminent si oui ou non le pollen sera allergène. Comme une protéine humaine, la lipocaline 2, la Bet v 1 peut se lier fermement au fer grâce aux poches moléculaires. Si ces poches restent vides, le pollen se transforme en allergène car il manipule les cellules immunitaires Th3 pour les faire réagir.
La pollution liée au nombre croissant d’allergies
On observe d’ailleurs chez les personnes allergiques un déséquilibre entre les cellules Th3 – qui défendent le corps des allergies et parasites – et les cellules Th1 – qui réagissent aux infections bactériennes ou virales. Ce constat est valable pour toutes les allergies, soulignent les auteurs de l’étude : « Les études actuellement en cours indiquent qu’on peut appliquer le principe du pollen de bouleau directement aux autres allergènes avec des structures moléculaires similaires. Par conséquent, nous commençons pour la première fois à comprendre pourquoi les allergies aux pollens, aux aliments et aux spores fongiques sont en hausse », explique Erika Jensen-Jarolim, directrice du département de Médecine comparative et co-auteur de l’étude.
On le sait, les allergies sont de plus en plus fréquentes. La pollution environnementale croissante pourrait ne pas y être étrangère, nous rappelle l’étude. « La charge en fer dans la protéine de bouleau pourrait être liée aux conditions environnementales dégradées auxquelles sont exposées les plantes. Il peut même y avoir un lien direct entre la pollution de l’environnement et la hausse des taux d’allergies », écrivent les auteurs. Cette observation leur permet même d’envisager une évolution dans les traitements des allergies. « A l’avenir, il sera logique de charger délibérément des molécules allergènes du type « Bet v 1 » avec du fer dans le cadre d’immunothérapies pour les allergiques. De cette manière, on pourrait réduire considérablement le traitement, qui dure deux à quatre ans, et améliorer son efficacité. »